Vendez vos cadeaux !

Publié le par modem08

                                                                                    Lundi 21 janvier 2008

Le lendemain de Noël 2008, le site « ebay.com » envoyait des mails avec comme titre : vendez vos cadeaux sur "ebay.com". Dans le métro parisien, les affiches du site « priceminister.com » indiquaient également la manchette d’appel : vendez vos cadeaux ! Comment ne pas être choqué par cette société de l’argent où tout se monnaie, y compris les cadeaux que l’on vient de recevoir. Dans l’entreprise commerciale que je dirige, on commence à voir des personnes qui rapportent le cadeau qu’ils ont reçu, en demandant de se faire rembourser, alors que ce n’est pas eux qui ont fait l’achat. Nous avons même vu un couple de jeunes mariés demander qu’on leur rende l’argent que leur famille et leurs amis avaient donné en leur faisant des cadeaux bien précis. Nous avons, bien sûr, refusé, mais ils ont été scandalisés en menaçant de porter plainte auprès de la direction  de la concurrence et de la consommation.

Le cadeau, c’est bien autre chose qu’une somme d’argent, sinon pourquoi ne pas donner un billet ou un chèque à ceux chez qui l’on est reçu, ou à ceux à qui l’on veut faire plaisir. Bientôt, lorsque l’on sera invité à dîner, on fera un virement sur le compte de la maîtresse de maison, pour éviter d’apporter des fleurs, des chocolats ou un petit cadeau. Jacques Brel chantait : « Je vous ai apporté des bonbons, parce que les fleurs c’est périssable, puis les bonbons, c’est tellement bon bien que les fleurs soient plus présentables, surtout quand elles sont en boutons, mais je vous ai apporté des bonbons ». Imaginez ce qu’il aurait pu écrire sur la jeune femme qui aurait le soir même mis en vente sur internet ses bonbons ! On peut douter de la bonne santé actuelle du romantisme, des sentiments et de l’affection vraie.

Lors des mariages, il est de plus en plus fréquent de recevoir des remerciements imprimés et donc anonymes, avec une mention du style : «  Un cadeau, une fleur, une présence, tout nous a fait plaisir… ». Bientôt, il y aura des accusés de réception de virements qui serviront de remerciements. L’éducation consiste à répondre à la main pour les cadeaux que l’on reçoit. C’est la moindre des choses que d’exprimer de manière personnelle sa joie. Le cadeau n’est pas un dû, ni une obligation. Si la dérive se poursuit, les enfants vendront sur internet leurs cadeaux de Noël, quelques minutes après les avoir reçus. Il est clair que les valeurs fondamentales de notre société sont en perte de vitesse, non pour être remplacées par d’autres valeurs, mais bien pour n’être remplacées par rien. Peu à peu la civilisation de l’égoïsme et de la jouissance instantanée prend le pas sur celle de l’altruisme et du désir. Le plaisir instantané semble devenir un droit opposable. Il est vrai que le mauvais exemple vient d’en haut.

                                                                             Jacques JEANTEUR

                                                                        Conseiller régional MoDem

Publié dans Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article