Bilan de première année.
Lundi 28 avril 2008
Il y a un an que le premier tour de l’élection présidentielle a eu lieu. Je crois que trois personnes ont dominé cette élection : Nicolas Sarkozy, Ségolène Royal et François Bayrou. Tous les trois ont marqué une rupture avec les vieilles habitudes politiques. C’est le premier anniversaire de l’action du premier et donc le temps du bilan. Nicolas Sarkozy a voulu rompre avec les douze ans de chiraquie, c'est-à-dire d’inertie dans l’action publique et de copinage politicien. Il est clair qu’il a tenu parole au niveau de l’action, mais, en revanche, la domination du parti du Président sur la vie démocratique s’est encore amplifiée, au détriment du véritable débat démocratique. Nicolas Sarkozy est le vrai Président de l’UMP, et il assiste aux réunions de son parti, ce qui le place en chef de clan et non en chef d’Etat. Aucun de ses prédécesseurs n’avait osé agir ainsi. Eric Fottorino, directeur du « Monde » titre: « Trop Nicolas, pas assez Sarkozy ». Il écrit : « Depuis un an le Président a beaucoup agi et s’est beaucoup agité…Puisant sa substance dans le mouvement et cherchant sa cohérence dans la parole, préférant l’ubiquité à la rareté, la jonglerie avec cent dossiers plutôt que l’aboutissement d’un seul… Auteur et héros du roman national, l’homme est devenu fiction quand la réalité le réclamait… Deux difficultés de nature différente se dressent sur son chemin. L’une tient à la faiblesse de l’opposition, qui d’une certaine manière, ne l’oblige guère à l’excellence… L’autre tient aux perspectives de croissance qui, si les prévisions se confirment, donneront un coup d’arrêt à l’embellie sur l’emploi et limiteront l’efficacité du pouvoir en terme de relance et de soutien du bien être national ».
De son côté, Dominique Quinio écrit dans « La Croix » : « On ne manœuvre pas le paquebot France comme un hors-bord… Mais, le commandant avait sans doute présumé des performances du bâtiment et peut-être des siennes… Désireux de rompre avec l’immobilisme de son prédécesseur, il en avait rajouté sur la détermination et l’action. Le voilà pris à son propre piège. Ses partisans, avec inquiétude, et ses opposants, avec délectation, ont beau jeu de souligner la déception exprimée par les Français au travers des sondages ou des élections municipales ». Lors de sa longue intervention télévisée de jeudi, le Président a sans aucun doute été plus Sarkozy que Nicolas, mais il a manqué de clarté au niveau de la politique intérieure. Son slogan de campagne « Ensemble, tout devient possible » portait en lui-même tous les germes de la déception. C’était une utopie mensongère, s’il n’y avait pas respect de l’autre. Il a raison de vouloir réformer la France, mais il a tort de vouloir le faire en chef de bande, en éliminant tous ceux qui ne lui sont pas soumis. La démocratie, c’est le débat. Ensemble, beaucoup peut être réalisé, mais cela exige une capacité d’écoute et de respect de l’autre qui lui ont fait grandement défaut. Espérons que la sagesse lui vienne avec le temps !
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem