Les patrons du CAC 40.
Lundi 9 juin 2008
L’Expansion de juin titre : « Revenus des patrons : records battus ». Cela a alimenté largement les débats de ces derniers jours. Ma première remarque est qu’il ne faut pas assimiler les dizaines de patrons de grands groupes aux centaines de milliers de chefs d’entreprise. Les premiers sont des prédateurs, alors que les seconds sont les forces vives d’une nation. Comment peut-on raisonnablement justifier une hausse moyenne de 58 % de ses revenus en 2007, même si cela inclût le fixe, les bonus, les stock-options, les dividendes et les jetons de présence ! L’hebdomadaire parle d’ « une hausse ébouriffante, indécente pour certains...un total record pour les quarante patrons : 161 millions contre 102 millions en 2006 ». Leur rémunération moyenne de 4 millions représente 2 666 fois le salaire médian français, qui est de 1 500 euros. La moyenne des trois premiers est de 15,5 millions, soit 10 000 salaires médians. Dans son éditorial de « La Croix », Guillaume Goubert écrit : « Il y a un domaine où, d’évidence, l’Europe existe, c’est celui du scandale suscité par les rémunérations très élevées des dirigeants de grandes entreprises. L’opinion française n’est pas la seule à éprouver un haut-le-cœur face aux ponts d’or dont bénéficient certains patrons… A l’heure où l’inflation menace, la modération salariale est dans l’intérêt général. Mais il faut qu’elle s’applique à tous. « L’éditorialiste du « Monde écrit : « Est-il admissible que des dirigeants d’entreprise perçoivent en une semaine autant qu’un salarié durant toute sa vie active ? ».
Dans une récente chronique, Laurent Maruani, professeur à HEC et Maître de conférence à Polytechnique écrivait : « Ce décalage, cette incompréhension, et peut-être cette rupture entre l’opinion publique et certains dirigeants, assez récente, est préjudiciable à l’image de l’entreprise et au climat de confiance ». Je suis totalement d’accord avec son analyse. Au nom de la morale élémentaire, mais aussi au nom du monde des chefs d’entreprise, il est urgent que ce scandale cesse. Personne ne peut justifier que sa valeur soit supérieure des milliers de fois à celles de ses salariés. Ce ne sont plus des responsables, des capitaines d’entreprises, mais des prédateurs, des truands et en fait « des médiocres » qu’il faut ramener à la raison. Il n’est pas question de réclamer un nivellement par le bas, mais, comme le dit l’éditorialiste du « Monde », « juste d’affirmer qu’il est indécent, amoral, socialement destructeur et irresponsable de pratiquer de tels écarts de rémunération. Dans plusieurs pays d’Europe du Nord, des voix s’élèvent pour plafonner les rémunérations les plus délirantes. Ce serait un pis-aller. Mais, manifestement, l’autodiscipline ne suffit pas, même pour protéger le capitalisme de ses propres excès ». Nous sommes vraiment très loin du libéralisme humaniste que je défends comme valeur de notre société. Il faut, par tous les moyens, casser cette caste scandaleuse des prétendus « Grands Patrons », qui ne sont que des « Grands prédateurs ».
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem