Le non irlandais.
Lundi 23 juin 2008
L’Europe est le plus grand projet des dernières décennies, mais il est souvent trop négligé par les responsables politiques. Les pères fondateurs furent le centriste catholique allemand : Konrad Adenauer, le démocrate chrétien italien Alcide de Gasperi, le socialiste belge Paul Henri Spaak et les français Robert Schuman, centriste démocrate chrétien et Jean Monnet, homme d’action. Il faut constamment leur rendre hommage pour ce pari incroyable qu’ils ont fait de réunir les peuples européens fondateurs sur un projet de paix : la France, l’Allemagne, l’Italie et le Bénélux (Belgique, Pays-Bas et Luxembourg). Jean Daniel dans son éditorial du « Nouvel Observateur » écrit : « Je ne parlerais pas de chaos, mais d’une ambition qui n’en finit pas de se rétrécir. Depuis le 29 mai 2005 et le rejet par les français du traité de Rome II, la magie s’était déjà dissipée. Or, j’enrage que l’on considère comme anachronique de rappeler et surtout aux jeunes gens, que la fondation de l’Europe a été l’une des plus belles ambitions de l’humanité… le souci de vivre ensemble a paru plus excitant que le désir de s’entre-détruire ». De son côté, Claude Imbert dans « Le Point » écrit : « L’Europe a égaré son trésor spirituel et moral : son idéal universaliste inventorié dans la Grèce antique, amassé durant la Chrétienté, dispensé par les lumières. Elle ne sait plus qui elle est parce qu’elle ne sait plus ce qu’elle veut. La nécessaire critique et le doute qui firent partie de sa méthode, voici qu’elle les pervertit en les mettant au service de la haine de soi et de notre monde… L’Europe piétine dans la lassitude et l’indifférence, happée par les vertiges du rien. Elle n’aime plus dans la vie le respect de soi, le désir de transmission et de perpétuation, la volonté d’avenir ».
Les dirigeants politiques cherchent trop à faire l’Europe sans les peuples qui la constituent. Hubert Védrine conclut son billet dans « Le Monde » en disant : « Ce qu’il faut, c’est l’affirmation d’une forte volonté commune des vingt-sept autour d’une priorité : défendre les intérêts des européens dans la mondialisation en faisant de l’UE un pôle régulateur de la mondialisation sauvage ». Il faut donc oublier le volet constitutionnel et passer à des projets concrets et lisibles, qui peuvent susciter l’adhésion populaire : grands travaux européens, défense commune, recherche commune… C’est en partageant des projets et des réalisations que l’on crée une appartenance commune, non en codifiant ou en réglementant de manière technocratique. La création des lignes européennes à grande vitesse est un bon exemple. C’est également en se soumettant aux règles adoptées en commun que l’on rend l’Europe crédible. Nos dirigeants ont trop pris l’habitude de reporter sur l’Europe tous nos maux, ce qui leur évite de se remettre en cause. En un mot, il nous faut retrouver la foi européenne des pères fondateurs.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem