Un congrès bâtard.
Lundi 28 juillet 2008
Le parlement réuni en congrès à Versailles a approuvé la réforme de nos institutions à une voix d’avance. Le PS a voté contre, sauf Jack Lang, l’UMP a voté pour, sauf 6 députés. François Bayrou a voté contre. Ce n’est pas une vraie victoire pour l’UMP, mais c’est incontestablement un échec de l’opposition. Laurent Joffrin, dans « Libération », titre son éditorial : « Pavlov ». Il est très critique sur le comportement du PS qui a des réactions pavloviennes contre Sarkozy. Il parle d’un raisonnement à courte vue et dit : « Les logiques de parti échappent parfois à la logique tout court. Mais, cela ne fait guère progresser le débat politique et encore moins l’opposition ». Edouard Balladur dit : « Le consensus s’était réalisé au sein du comité que je présidais et qui comprenait en son sein toutes les sensibilités politiques… Il s’est hélas vite évanoui, car les considérations politiciennes l’ont emporté sur le fond. L’opposition a fait un mauvais calcul en refusant des progrès institutionnels qu’elle souhaitait depuis longtemps au prétexte qu’ils étaient insuffisants à ses yeux. Elle serait plus forte aujourd’hui, plus crédible demain, si elle s’était associé à cette réforme. »
Dans un papier paru dans « Le Monde », Robert Badinter, grand sage de gauche, dit que les socialistes ont eu raison de refuser le vote d’une révision constitutionnelle qui ne remédie en rien au déséquilibre des pouvoirs en faveur de l’exécutif. Compte tenu que Sarkozy continue à être le Président de l’UMP, « la séparation des pouvoirs n’est plus qu’une apparence. De surcroît, ce pouvoir sans pareil n’est assorti d’aucune responsabilité. J’appelle ce régime la monocratie : le pouvoir d’un seul dans la République ». Il est donc difficile d’apprécier objectivement les résultats de ce congrès bâtard. Cette réforme est très modeste et elle n’améliore que très peu le pluralisme (un jour à l’opposition pour trois semaines à la majorité dans l’élaboration de l’ordre du jour du Parlement, une commission parlementaire sur huit, réservée à l’opposition). Surtout, il n’est rien dit sur la réforme du mode d’élection archaïque du Sénat qui garantit, en l’état, une majorité de droite.
Face à cette situation bâtarde, la conscience demandait de voter non, mais le calcul politique poussait à voter oui, pour éviter la parade du paon des sarkozistes. Il fallait sans doute faire passer cette modeste réforme dans un consensus, tout en affirmant haut et fort qu’elle n’était pas la solution au problème du manque évident de démocratie dans nos institutions. C’est le comportement insupportable de Sarkozy qui pollue toute notre vie politique et amène à des réflexes pavloviens qui sont la négation même de la démocratie. Oublions vite cet épisode peu glorieux pour la classe politique et, concentrons nous sur la réforme prioritaire absolue : la réduction des déficits publics. Edouard Balladur dit : « Au moment où la France préside l’Union Européenne, elle ne peut être l’Etat dont les finances publiques sont parmi les plus dégradées. Stopper la dérive de l’endettement public est une urgence et nécessite des réformes de très grande ampleur ».
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem