Rigueur ou récession.
Lundi 25 août 2008
Dans son interview au « Nouvel Observateur », Patrick Artus, directeur de la recherche et des études économiques de Natixis conclut : « La question cruciale n’est pas de savoir si le troisième trimestre sera négatif comme le deuxième trimestre, mais si la seule perspective du quinquennat de Nicolas Sarkozy est de se limiter à 1 % de hausse du PIB chaque année, si nous sommes condamnés à la trappe de la croissance lente ». Il pense que la seule façon de s’en sortir est d’accroître la productivité et de développer le capital technologique par des investissements dans la recherche et le développement. Jean Peyrelevade écrit dans son dernier livre, « Sarkozy, l’erreur historique » : « Aucune amélioration de compétitivité n’est envisageable sans investissement dans la durée, donc sans effort, donc sans sacrifices transitoires, pendant la période plus ou moins longue où l’on met fin aux désordres ». Avec un recul de 0,3 % du PIB au 2ème. trimestre qui fait suite à une croissance de 0,4 % au 1er. trimestre, nous avons une croissance quasi nulle sur le 1er. semestre (+ 0,1 %). Le gouvernement avait prévu une croissance entre 1,7 % et 2 % en 2008 et chacun savait que ces prévisions n’étaient pas tenables. Tout comme Jean Pierre Raffarin qui présentait toujours des budgets irréalistes, nous continuons à faire croire que cela ne va pas si mal. La baisse sans doute temporaire du cours du baril et des matières premières, peut faire espérer un léger rebond, mais, pas une reprise. Comme le dit Dominique Quinio dans « La Croix » : « Si l’on s’en tient aux définitions strictes, la France n’est pas en récession, certes, mais sa santé économique est incontestablement chancelante : recul du PIB, légère reprise du chômage, commerce extérieur en berne… La France n’est pas seule à ressentir le mal… Mais les caisses vides de l’Etat français réduisent le choix des thérapies possibles ». Romain Gubert dans « Le Point » confirme cette analyse : « François Fillon n’a de toutes façons pas beaucoup d’autres cartes en main. Les caisses sont vides et ses marges de manœuvre budgétaires réduites. La France s’est engagée auprès de ses partenaires à maintenir son déficit public au dessous de 2,5 % du PIB et à ne pas laisser dériver des finances publiques déjà plombées par le coût du paquet fiscal (près de 13 milliards d’euros en année pleine) ».
Il ne faut pas avoir peur des mots et il faut cesser de mentir aux français sur l’état de notre pays. Seule la rigueur peut freiner notre chute. Le pouvoir d’achat n’est pas la solution éternelle à nos maux. Il faut arrêter de promettre du pouvoir d’achat factice tout de suite au détriment de celui de nos enfants. Il faut oser dire la vérité. Dans ma libre opinion du 31 mars 2008 intitulée : « Réapprendre le mot moins », j’écrivais : « Se remettre en cause n’est pas une preuve de pessimisme ou de défaitisme. C’est porter un regard objectif sur la réalité et se préparer à l’affronter. D’une épreuve on peut sortir enrichi, car l’expérience endurcit et l’effort redonne la capacité de se défendre. Entre rigueur et laxisme, il devient urgent de choisir la rigueur. Elle seule est porteuse d’espérance ». Je persiste et je signe.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem