De la communication en politique !
le 9 novembre 2008.
Sur le blog ami « Jus d’orange » (jus-dorange.net), une citation est rapportée. Elle émane de Christophe Lambert, membre de la cellule stratégique de l’U.M.P. qui énonce : « La politique ne doit pas échapper aux règles du spectacle, rien n’est jamais trop préparé, trop scénarisé ». Fermez le ban !
Certes, la politique exige de communiquer. Encore convient-il de savoir comment.
S’il s’agit de pratiquer la politique spectacle qui sacrifie tout à la forme et dissimule l’insuffisance de la réflexion, du débat, voire l’absence de vision sociétale fondée sur des valeurs intangibles telles que la sincérité et la transparence, il y a fort à parier que les citoyens se détourneront à nouveau de la politique. Cette désaffection est constatée depuis plusieurs décennies déjà, même si quelques fugaces sursauts de civisme dont on s’est un peu trop rapidement félicité, sont parfois survenus notamment, par exemple, lors des scrutins des dernières présidentielles.
Hélas ! La plupart de nos dirigeants politiques et même économiques sont issus d’un même moule. Il me souvient des conditions dans lesquelles je fus amené professionnellement à repositionner ma démarche lors d’un concours administratif de cadre A de la Fonction publique territoriale dont l’esprit s’inspire des épreuves de l’E.N.A.
Cherchant à innover, à trouver des solutions efficaces dans le traitement d’un sujet de droit, sur la durée d’une épreuve de quatre heures il est évident qu’il fallut y sacrifier un peu au style. Cette démarche n’aboutit pas !
En revanche, en « recrachant » des connaissances livresques sur des sentiers battus et des principes fort connus et bien établis, en traitant le sujet sans aucune forme d’investigation et d’imagination et surtout, en soignant particulièrement le style, la syntaxe et la sémantique, alors là ce sont les félicitations du jury de concours assurées.
Tout est dans la forme. Peu importe ce que l’on dit ou l’on écrit pourvu que ce soit bien formulé et parfaitement cadré, dans la pensée unique de préférence. Comment s’étonner alors que la politique vire au spectacle permanent sans trop se préoccuper du contenu. Qu’il n’y ait pas de vision d’avenir, qu’il n’y ait pas de propositions fondamentalement nouvelles, que la réflexion vole au ras des pâquerettes, pire encore, que l’on profère des sornettes ou des contrevérités, peu importe les paillettes, la musique et le chauffeur de salle suffiront à illusionner les auditoires. En d’autres lieux les bons mots, creux bien sûr, les bons sentiments qui sonnent faux bien entendu, les acrobaties sémantiques (la croissance négative par exemple, ne s’appellerait-elle pas la récession ?), les postures, les gesticulations, les pirouettes, voire les invectives et les attaques, j’en passe et des meilleures, assureront un spectacle visant à faire prendre des vessies pour des lanternes (c’est plus joli n’est-ce pas, les lanternes… !).
Renverser ces fâcheuses pratiques, ne serait-ce pas cela faire de la politique autrement ?
Michel TONON
Militant du MoDem