Qu’est-ce que le Mouvement Démocrate (MoDem) ?
Par Michel :
Le MoDem n'est pas la droite, il n'est pas davantage la gauche. Personnellement, je réfute également l’appellation de Centre qui ne peut se définir qu’en fonction d’un côté ou de l’autre. Le MoDem c'est une pensée en soi qui ne se détermine pas par rapport aux uns ou aux autres et qui ne se satisfait d'aucune idéologie. Le MoDem ce n'est pas non plus la démocratie sociale, ni la démocratie chrétienne, comme d'aucuns le laisse accroire. C'est la social-économie, c'est-à-dire l'économie sociale de marché, une synthèse entre le libéralisme économique et la solidarité sociale. Cette orientation est la seule qui puisse surmonter l'opposition stérile, voire dangereuse, entre la droite et la gauche dont notre Pays souffre depuis si longtemps.
Cette conception n'a rien d'utopique ; ce n'est pas un hasard si l'Union européenne se réclame de cette orientation. Elle a été développée en Allemagne de l'ouest au lendemain de la seconde guerre mondiale. Incarnée par Ludwig Erhard en tant que Ministre de l'Economie de 1949 à 1963, puis comme Chancelier de 1963 à 1966. Elle s'inspire de l'ordolibéralisme, une conception développée par l'école de Fribourg, cercle d'économistes allemands réunis dans les années 1930 autour de Walter Eucken.
L’éclairage de Jean-Yves - Revisitons l'ordolibéralisme :
S'il est vrai que les tenants de l'école de Fribourg en Brisgau (Röpke, Eucken etc..) ont eu la possibilité de mettre en oeuvre la plupart des principes constituants de l'ordoliberalisme dans ses applications économiques avec les succès que l'on connaît (miracle allemand), ils n'eurent aucune influence sur le volet social ou sociétal du concept ORDO appliqué à la R.F.A.
En effet, la politique sociale appliquée par Ludwig Erhard relevait plutôt de traditions anciennes ou d’une inspiration chrétienne-sociale. Et l'économie sociale de marché mise en oeuvre à l'époque était plutôt un compromis entre l'ordoliberalisme (dans ses aspects économiques), d'une part et la social-démocratie (dans ses aspects sociaux), d'autre part. Il y avait là un pari très difficile à tenir et qui devint d'ailleurs intenable pour le Chancelier Ludwig Erhard. Mais notre situation d'aujourd'hui est encore plus complexe et la mondialisation des échanges entraîne d'autres défis.
Nous avons perdu et nous nous acharnons à perdre, les termes bénéfiques de l'avantage comparatif de Ricardo (on a donné des Airbus à construire à la Chine !), la courte vue sur le long terme. Les acteurs du libre échangisme ne sont pas logés à la même enseigne (durée et conditions de travail, normes de pollution), l'on veut travailler moins, ils veulent manger. Nous surconsommons des produits (les vêtements sont devenus jetables) fabriqués ailleurs et vendons aux autres des produits agricoles subventionnés ce qui les empêche de les produire eux-mêmes et d'accéder à leur autonomie élémentaire, avec pour conséquence première une immigration de survie importante.
La mondialisation libre échangiste a atteint ses limites. Elle détruit nos emplois d'une manière considérable sans contrepartie. Nous importons des pommes du Chili, Brésil, Chine (par bateau frigorifiques, bonjour les économies de fuel) vendues en grandes surfaces, au lieu de consommer celles de Tourteron !! L'Europe est devenue un grand marché ouvert à tous les vents alors que la Chine et les Etats-Unis se protègent. Les subventions agricoles doivent être redéfinies et réorientées vers une agriculture de proximité et non pas au bénéfice des grands exportateurs agricoles.
Pour notre pays, il est nécessaire de réinvestir d'une manière considérable sur l'éducation, la formation intensive d'élites techniques et scientifiques, garder nos savants, afin de déboucher sur la reconstruction d'un avantage comparatif, créateur d'emploi. Une nouvelle doctrine économique reste à inventer, en face des pays continents, une doctrine européenne, humaniste et libérale, inspirée sans doute en partie de l'ordoliberalisme, qui rétablisse les termes d'un échange équitable entre partenaires responsables.
Du rapprochement avec les formulations de Jean Peyrelevade en ces termes concrets (morceaux choisis : « Sarkozy : l’erreur historique » - Editions Plon – Août 2008) :
« Un pouvoir d’achat ne se décrète pas plus qu’un taux de croissance. Le premier ne fait que suivre le second auquel il est asservi » et pour confirmer : « pouvoir d’achat et consommation ne précèdent pas la croissance mais en résultent ».
Par conséquent : « faute de consacrer à notre appareil productif tous les soins qu’il mérite et qui sont un préalable à l’amélioration du pouvoir d’achat, nous deviendrons peu à peu le territoire de repos des légions du nord de l’Europe qui sont, elles, complètement engagées dans le combat de la mondialisation » d’autant que « la contrainte qui veut que toute amélioration de pouvoir d’achat est exclue sans augmentation de la production, c’est-à-dire de la richesse nationale, est absolue puisqu’elle a un caractère comptable ».
Et encore Jean Peyrelevade d’affirmer : « La réforme de l’Etat est indispensable, d’abord pour empêcher que la dépense publique totale, redistribution et protection sociale comprises, augmente plus vite que le P.I.B. », encore convient-il de s’entendre sur la sémantique et par conséquent d’ajouter : « La « réforme », cette belle idée empruntée à la social-démocratie, est devenue le cache-sexe du laxisme et permet au vice (le déficit) de s’habiller en vertu ».
Comme on peut le constater, fort de sa diversité, de son indépendance d’esprit et de sa jeunesse – tant dans son existence que dans ses composantes humaines -, le MoDem se nourrit de réalité et son projet se construit sur des bases sérieuses et un travail de réflexion en profondeur faisant ainsi œuvre de « politique autrement » et qui plus est, dans la transparence et la sincérité.