Le travail du dimanche
Lundi 24 novembre 2008
Le parlement risque de voter la fin du repos dominical. C’est une décision sociétale assez grave qui remet en cause des traditions centenaires, pour ne pas dire millénaires. Lors de sa venue à Rethel, Nicolas Sarkozy a notamment dit : « Je veux le dire parce que c’est une conviction profonde : pourquoi continuer d’empêcher celui qui le veut de travailler le dimanche ?... C’est un jour de croissance en plus, c’est du pouvoir d’achat en plus et d’autres pays le font » ; c’est un discours du « toujours plus » qui feint de croire que la consommation est extensible et directement proportionnelle aux heures d’ouverture. C’est surtout un double langage. Le 12 septembre, en accueillant le Pape Benoît XVI, il affirmait : « La croissance économique n’a pas de sens si elle est sa propre finalité. Consommer pour consommer, croître pour croître, n’a aucun sens. Seuls l’amélioration de la situation du plus grand nombre et l’épanouissement de la personne en constituent ses buts légitimes ». C’est ce que Guillaume Goubert, dans « La Croix » appelle « langage double ». Il écrit : « C’est un beau débat qui est ouvert dans la société française. Un vrai débat de civilisation. D’un côté, le combat pour la liberté des salariés et des consommateurs à exercer leur activité le dimanche. De l’autre, la fidélité à un temps de repos qui soit commun au plus grand nombre. Et cette conviction que, dans la vie, tout n’est pas d’ordre économique ».
Si le dimanche devenait un jour comme les autres, il n’y aurait aucune raison de payer double ou triple les salariés (la récupération plus une ou deux fois le salaire). En poursuivant le raisonnement, il faudrait aussi ouvrir les services publics pour permettre aux citoyens d’en consommer davantage et aussi supprimer les services de garde du dimanche, car cela deviendrait une journée banalisée.
A titre personnel, je défends la fermeture générale du dimanche, en gardant les 5 dimanches occasionnels de fin d’année ou d’évènements locaux, qui pourraient monter à 7 ou 8. Il est indispensable que le plus de familles possibles puissent avoir un jour de repos dans la semaine qui leur soit commun. Je ne vois pas comment ont peut utiliser l’argument de la croissance et de la consommation, sachant qu’un ménage ne peut et ne doit dépenser plus qu’il n’a. S’il est vrai qu’en Suède, en Hongrie, en Tchéquie et en Angleterre (selon la surface) l’ouverture le dimanche est totalement libre, l’Allemagne a pour principe la fermeture des commerces le dimanche, avec des dérogations 2 à 6 fois par an selon les Länder. Or, la situation économique de l’Allemagne n’est pas moins bonne que la notre. De nombreux députés ne sont pas favorables à cette loi. Je les soutiens ardemment. C’est le cas notamment de Jean Leonetti, UMP, très impliqué dans les questions d’éthique qui dit : « Je commence à être fatigué qu’au nom d’une pseudo-modernité, on regarde tout par le petit bout de la lorgnette économique ». C’est le cas, bien sûr, de François Bayrou.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem