Quelle justice ?
Lundi 8 décembre 2008
Depuis plusieurs années on peut s’interroger sur la justice, sa compétence, ses méthodes et parfois son injustice. Le procès d’Outreau a bien révélé les certitudes dans laquelle elle se drapait au point de ne pas rechercher de manière obsessionnelle la vérité. L’affaire Tapie met en lumière les différences de traitement. Les acquittés d’Outreau ont reçu un acompte de 100 000 euros alors que Bernard Tapie a reçu 45 millions d’euros au titre du préjudice moral. En appel, il n’avait touché que l’euro symbolique ! Il a donc touché 450 fois plus que l’acompte des acquittés d’Outreau qui avaient été accusés de pédophilie et avaient passé de longs mois en prison. Quand une famille perd un enfant, par accident et que cela met en cause la responsabilité d’une collectivité publique, elle touche 30 000 euros, soit 1 500 fois moins. Devant la commission parlementaire, Bernard Tapie a dit : « Je me suis retrouvé au cœur d’une médiatisation, qui, dans le cas d’espèce, est insupportable». Le député communiste Jean-Pierre Brard a dit devant la commission que cela représentait 1 000 fois ce que touche la veuve d’un ouvrier mort de l’amiante. Dans leur sentence, les arbitres ont évoqué « un préjudice moral d’une très lourde gravité » et ont dit : « Il apparaît certain que Monsieur et Madame Tapie ont fait l’objet durant quatorze années de liquidation… d’une campagne nourrie d’agissements graves… destinés à briser chez eux tout avenir professionnel et toute réputation ». Quel dommage que les acquittés d’Outreau n’aient pu bénéficier du même arbitrage, car c’est leur vie même qui a été brisée.
S’il est normal que la justice s’applique également à tout citoyen, quel que soit son rang ou sa fortune, on ne peut accepter ce traitement de faveur qui transforme Bernard Tapie en modèle. J’ai vécu à titre personnel des diffamations très fortes. Le 13 mars 1998, la presse locale titrait : « Charleville : la mairie accuse Jacques Jeanteur : au centre de la polémique : le réaménagement de la Place Ducale. Selon la mairie, un redéploiement du stationnement dynamiserait le centre ville. Jacques Jeanteur pense au contraire que le projet supprimerait des places de parking et que cela pourrait tuer le commerce ». Cette agressivité tenait au fait que le Conseil régional m’avait suivi en refusant la subvention de 8,7 millions sur les 41 millions de francs d’aménagements de la Place Ducale, compte tenu de la suppression des places de parking que cela impliquait. L’équipe municipale « Autrement » s’est ensuite livrée à une distribution de milliers de tracts orduriers à mon encontre et à celle de la famille. On y lisait notamment : « Jeanteur, l’imposteur, le bétonneur, le menteur, le lâcheur, le déshonneur… ». Pire, ils osaient écrire en parlant des carolomacériens et de ma famille : « Ils ne permettront pas qu’on la pille pour réaliser de juteux profits à Paris ». Alors que la famille ne perçoit aucun loyer sur les immeubles de l’entreprise depuis des décennies, je ne pouvais pas rester passif. J’ai donc porté plainte. Après 4 ans, le groupe Autrement, a été condamné à me verser 6 000 euros, aussitôt reversés à la Conférence Saint Vincent de Paul. C’est loin de Tapie !
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem