La déstabilisation de l'idéal républicain

Publié le par modem08

 L’histoire nous rappelle que notre démocratie faillit périr et encore aujourd’hui, certaines idéologies extrémistes la menacent toujours. Quelqu’un a écrit, « la démocratie est ce régime paradoxal où est offerte à ceux qui veulent l’abolir, la possibilité unique de s’y préparer dans la légalité… ».

Chez nous, l’espérance d’une société nouvelle consiste à vouloir faire entrer la France dans l’ère multiculturelle. Voilà le « must » idéologique que diffusent un  noyau d’intellectuels et de minorités, dont l’influence surpasse le nombre, grâce à la bienveillance des grands médias.

Pour ces intellectuels et ces groupes, l’immigration a pris la place de la classe ouvrière comme avant-garde combattante de l’humanité. Elle s’est vu attribuer la mission de régénérer la France, de la rajeunir. D’où la multiplication des discours sur le droit à la différence et l’antiracisme. Et des critiques de plus en plus acerbes contre l’assimilation, c'est-à-dire la francisation. Car nos multiculturalistes vont jusqu’à vouloir rendre illégitimes la république et la nation.

Le multiculturalisme est né aux Etats-Unis. Son essor date de la communautarisation de la société américaine.

A l’origine, comme l’enfer, il est pavé de bonnes intentions. Il veut combattre le racisme, le sexisme et en général, toute discrimination contre les minorités culturelles ou sexuelles. Cependant, la mise en œuvre de ce combat amène à tous les dérapages. Car il part du principe pernicieux que les traditions, les institutions et les structures mentales des Blancs européens sont fondamentalement répressives, sexistes, racistes, passéistes. « Le multiculturalisme fait, des personnes de couleur, des femmes et des « minorités », les vrais émancipateurs de l’humanité contemporaine ». Il glorifie les spécificités ethniques et voue un culte passionné aux racines ancestrales. Il ne peut que favoriser la désintégration de la nation américaine et vouloir lui substituer un agrégat de groupes humains fidèles à leur « culture ».

La tentation de sécession culturelle parait de moins en moins séparable de l’idée multi culturaliste.

Au début des années 1990, l’historien Arthur SCHLESINGER, ancien collaborateur du Président KENNEDY, publia un livre alarmiste sur la « désunion de l’Amérique ». Les excès de l’idéologie identitaire lui donnent raison. Les Etats-Unis vivent le multiculturalisme dans ses pires excès séparatistes : balkanisation, fragmentation en tribus, menaces réelles constatées sur les liens toujours fragiles qui forment l’identité nationale.

C’est cette idéologie que des soi-disant intellectuels différentialistes, des groupes minoritaires, voudraient transposer en France. Ils s’évertuent à défaire le lien national, à dissoudre ce qu’ils refusent d’appeler la culture française, traditionnellement ouverte sur le monde. Cette culture a permis l’intégration, puis l’assimilation de générations d’étrangers installés sur notre sol, qui n’ont jamais oublié leurs racines et c’est très bien, mais qui n’en ont pas fait un culte passionné.

Nous pourrions penser qu’ils n’ont aucune chance d’y parvenir. Pourtant à force d’activisme, de complicités médiatiques, de duplicités et de lâchetés gouvernementales (droite ou gauche), nos multi culturalistes sont en train d’imposer la lugubre perspective d’une société fragmentée en groupes ethniques. Le républicanisme devient symbole de passéisme, d’archaïsme, de réactions négatives.

La laïcité, ciment de l’unité nationale dans un pays composite comme le nôtre, est un rempart beaucoup plus efficace que le droit à la différence contre le racisme et la xénophobie.

La reconnaissance des cultures minoritaires rendra la république plus égalitaire, prétendent nos multiculturalistes. Mais en quoi la tolérance envers la polygamie, l’indulgence envers l’excision ou la compréhension envers la loi islamique favoriseront-elles l’égalité ? ?

Nos gouvernants ne cessent de célébrer les valeurs de la République et l’intégration républicaine, mais ils les trahissent ou laissent les minorités les saper et parfois même, les vider de leur substance.

Le culte de l’ethnicité, en exacerbant les différences, en intensifiant les ressentiments, les rancœurs, les récriminations, les antagonismes et les haines, met en danger la paix civile.

Personne n’aide autant certains extrémistes, qui, sous couvert de multiculturalisme ou de communautarisme, œuvrent à la décomposition du lien social, ciment de nos valeurs Républicaines.


                                                             Pierre LECLERCQ
                                                               MoDem Ardennes


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Vous avez raison<br /> Ne glisse-t-on pas de notre devise Liberté-Egalité-Fraternité à laquelle nous pourrions ajouter le terme Solidarité, vers la trilogie Ultralibéralisme-Equité-Charité avec le terme Individualisme ?<br /> <br /> L’idéal sous entendu c’est une République dans laquelle les lobbies ont pris le pas sur l’intérêt collectif, le consommateur sur le citoyen, l’intérêt privé sur l’intérêt collectif. L’état est réduit à ses fonctions minimales tandis que le service public est abandonné, au nom de la productivité et du profit ultralibéral, aux lois du marché.<br /> <br /> Nous apercevons la perte du principe d’égalité entre les citoyens, devenu un « dogme » de sociétés d’enfermement et remplacé désormais par ce glorieux « droit à la différence » qui débouche quelque fois sur l’inquiétante « différence des droits » avec toutes les discriminations et violences que cela amène.<br /> <br /> Cette Démocratie curieuse qui supplante la République, où les individus affichent leur volonté de dissemblance au détriment du droit à l’égalité, cette société qui se veut multiculturelle et multi confessionnelle, souvent au nom des meilleures intentions, participe à la déstabilisation de la République et à l’affaiblissement du lien social. Nous devons regarder notre pays comme étant un ensemble de citoyens, avec les mêmes droits et non pas comme un ensemble de communautés.
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