Pour le Président, responsabilité vaut culpabilité.
En sa conférence de presse télévisée de ce 5 février 2009, à propos de la mutation du Préfet et du Directeur de la Police de la Manche, consécutivement aux manifestations du 12 janvier lors de sa visite à Saint-Lô, Nicolas Sarkozy amalgame responsabilité et culpabilité, justifiant et donc reconnaissant tacitement au passage, les sanctions à l’égard de ces hauts fonctionnaires de l’Etat qui, a priori, n’avaient pas démérité.
Selon les bons dictionnaires, responsable signifie : « qui doit (de par la loi) réparer les dommages causés de son fait ». Coupable désigne : « qui a commis une faute, une infraction » et, seulement par extension : « responsable d’une mauvaise situation » sous-entendu intentionnellement.
Dans la définition initiale et courante, ainsi que dans l’esprit de notre temps, la responsabilité est d’ordre strictement juridique, même si dans une seconde acception le terme signifie « qui est l’auteur, la cause volontaire et consciente de quelque chose, en porte la responsabilité morale ». A noter que c’est seulement s’il y a volonté et conscience que l’on peut rapprocher responsabilité et culpabilité, encore peut-il y avoir des circonstances atténuantes.
En revanche, la culpabilité a d’emblée une connotation morale sans qu’il soit nécessaire de s’intéresser à toute autre considération, notamment le contexte, les circonstances, les causes et l’intention. Hormis la faute intentionnelle qui rend coupable, il ne peut être question que de responsabilité.
Lorsque dans le cadre de son pouvoir ou de son activité courante, un individu décide ou agit en fonction de la connaissance, de la vision évidente et certaine qu’il a d’une situation et des conséquences probables et mesurables, il est assurément responsable de ses actes mais pas coupable dans des circonstances imprévisibles et inimaginables. Par contre, s’il s’engage volontairement, intentionnellement et en toute connaissance, dans une voie dont l’aboutissement néfaste, voire irréparable, est appréhendable ou ne serait-ce que perceptible, alors seulement, il devient coupable.
C’est ainsi qu’un responsable peut tout à fait être innocent et qu’un coupable peut échapper à toute sanction. L’histoire, notamment récente, nous montre des exemples d’innocents condamnés et, chacun a pu connaître des coupables innocentés pourvu qu’ils aient eu un bon avocat.
Un responsable n’est pas implicitement coupable, sans préalablement considérer les intentions, les causes et les circonstances, mais un coupable est forcément responsable sauf à considérer une défaillance ou des troubles pathologiques. La rhétorique ne fonctionne pas à double sens. Certes, on peut être à la fois responsable et coupable. C’est alors le comble de l’ignominie. Eu égard à la gravité morale de cette opprobre pour l’individu, nul n’a le droit d’entretenir, a priori, la confusion entre la responsabilité et la culpabilité.
Par conséquent, le propos du Président de la République revêt un caractère de gravité morale aux conséquences très étendues, voire insoupçonnables et, forts préjudiciables au fonctionnement de notre société. En effet, son influence sur les esprits permet de mieux comprendre pourquoi l’engagement et la prise de responsabilités se font de plus en plus rares de nos jours.
S’agissant de Nicolas Sarkozy, puisqu’il affirme haut et fort qu’il assume l’entière et totale responsabilité des décisions et des actes de l’Etat, selon sa propre conception, il se déclare lui-même coupable de tout ce qui se rapporte à l'Etat.
Michel TONON
Militant MoDem