La poussée du chômage dans le volcan de la fusion

Publié le par modem08

Depuis plusieurs années on en parlait, personne ne l’avait fait. Le rapprochement ANPE-ASSEDIC avait été mainte fois amorcé, jamais définitivement liquidé. Jusqu’à aujourd’hui, l’ANPE n’avait fait que du conseil, n’était jamais allé sur les plates bandes de l’indemnisation. Depuis la fusion dans le chaudron Pole-Emploi, les ex-conseillers ANPE vont être amenés à calculer le montant des indemnisations des allocataires de l’assurance chômage tout en prodiguant les conseils permettant un retour rapide au travail. De leur côté, les ex-ASSEDIC devront en plus de leurs calculs prodiguer des conseils analogues. Bref un métier unique dans une administration unique. Tout est bien dans le meilleur des mondes !

Non ? Vous avez un doute ? Vous avez entendu dire des choses ? Comment est-ce possible ? Au pays des bisounours UMP on a rien entendu, rien vu, que du bonheur.

Il paraîtrait que la crise faisant monter le chômage de façon exponentielle, les conseillers Pôle-Emploi ne suivraient plus le rythme ? Des milliers de dossiers d’indemnisation en attente de traitement, ça n’a rien à voir avec la fusion ça...

Des demandeurs d’emploi agressif dans les agences ? Quel rapport  avec Pole-Emploi-tout-neuf ?

Une association de chômeur dans la rue pour réclamer quoi ? Le retrait du 3949 ? Oui, bon ça d’accord, c’est un dispositif Assedic qui a été étendu à Pole-emploi. Sur le papier ça marche, alors je ne vois pas pourquoi dans la réalité ça bloque...

Le principe du 3949 ? Ah vous ne connaissez pas ? Si vous avez quelque chose à dire ou à demander à un conseiller Pole-Emploi que ce soit pour votre indemnisation ou pour un conseil, voir un report de rendez vous, avec le 3949 vous avez la possibilité de joindre un de nos aimables téléopérateurs.

Bon évidement, il ne faut avoir qu’une seule question à la fois parce que la personne sur laquelle vous allez tomber est soit ex-ASSEDIC en attente de formation pour devenir conseiller et donc, elle ne connaît que la partie indemnisation, tant pis pour vous si vous aviez besoin de connaître une précision sur une offre d’emploi, refaites le 3949 ; soit ex-ANPE, en attente de formation itou et là, pas question de lui demander si vous avez droit au chômage jusqu’en juin ou septembre, elle ne sait pas. Bien sûr c’est vous qui tout au début avez choisi la filière dans laquelle vous aviez une question, concernant vos droits : dites « information », une demande de formation, une question sur votre rendez vous, une offre d’emploi, dites « emploi »... une minute de menu déroulant à 11 centimes d’euros si vous appelez d’un poste fixe, surtaxé si c’est de votre portable (zut, j’ai résilié ma ligne France télécom pour ne garder que mon portable, je veux que les employeurs puissent me joindre partout, dommage...).

Si vous voulez en savoir plus sur la lutte qui s’engage contre le numéro unique Pole-Emploi, je vous conseille ce petit lien qui vous mènera directement sur LE site de la fusion : http://www.lafusionpourlesnuls.com/article-28636805.html

Mais me direz vous, quand tout ce petit monde aura eu sa formation, tout s’arrangera. Pas tout de suite en tout cas. Coté ANPE on disait qu’il fallait compter 18 mois pour être vraiment formé dans son métier, idem chez les cousins ASSEDIC. Pour acquérir les compétences de l’autre dans le cadre de la fusion, il est prévu 3 jours de formation pour les ex-ANPE, 7 pour les ex-ASSEDIC (en deux fois), certainement que l’évolution de l’espèce permet aujourd’hui d’assimiler 18 mois de formation en 3 jours. C’est beau le progrès !

Maintenant trêve de plaisanterie. La situation est tellement dégradée à Pole-Emploi par un environnement économique des plus sinistres et une fusion incongrument mise en route que depuis début 2009, trois agents Pole-Emploi se sont suicidés. Le dernier en date étant vendredi 6 mars, dans la cage d’escalier du Pole-Emploi Gabriel-Peri à Saint-Quentin. Il avait 55 ans. Toute ma sympathie à ses proches et ses collègues.

Evidement difficile de stopper la fusion, un retour en arrière serait pire. Les agents dans l’attente d’une nouvelle convention collective ne savent pas à quelle sauce ils seront mangés demain. Les effectifs en agence ne suffisent plus à endiguer le flot continu des demandeurs d’emploi (3 000 inscriptions par jours). Le portefeuille de demandeurs d’emploi suivis mensuellement ne devait pas excéder 60 (promesse de Madame Lagarde), il est à plus de 200 dans la plupart des cas. Impossible de respecter les délais de convocation dans ces conditions. Tant pis pour celui qui aurait besoin de voir son conseiller avant, surbooké, ce dernier n’a plus de possibilité de le recevoir.

On me répondra qu’on ne pouvait pas prévoir que la crise frapperait si fort... sauf que la fusion a été lancée officiellement par la loi du 13 février 2008, bien naïf alors celui qui pensait à cette date que la France ne serait pas touchée par la crise... à moins que l’on ait pensé que le noir nuage ne nous atteindrait pas comme celui de Tchernobyl, il aurait dû s’arrêter à nos frontières...

Virginie HéBER-SUFFRIN

Vice Présidente du Modem Ardennes

Publié dans Institutions

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J
Beau défoulement! J'adore l'ironie, bien qu'une arme dangereuse dans la langue française, mais pas drôle quand il s'agit de situation aussi dramatique. <br /> En effet, les "bisounours UMP" ont bien edulcoré la situation. mme LAGARDE fidèle à ses prévisions, le ministère du travail se porte bien et tout le monde est content. <br /> Loin du public la réalité des choses et une sutuation bien grave. En fait, pas de planning de formation des agents adapté à la situation, des outils de consultation ( le 3949!) à revoir,...<br /> finalement il y aurait presque valu prévoir d'embaucher des conseillers parmi les demandeurs.
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