L'élaboration d'alternatives
Dans « Marianne », Jean-François Kahn propose à tous les républicains une initiative qui me séduit : s’associer pour créer un centre de réflexion et de recherche pour l’élaboration d’alternatives. Le CREA. Il ne donne à ce centre qu’une finalité : « Non seulement penser globalement, hors des vieilles orthodoxies néoétatiques ou néolibérales, un autre modèle de société, d’après-crise, à la mesure de notre temps, plus juste, plus humain, plus rationnel et plus moral ; mais également explorer systématiquement, s’agissant de toutes les réalités concrètes d’aujourd’hui qui nous interpellent, et parfois même nous agressent - les déficits publics, l’avenir des retraites, l’emploi, la nature et le contenu de la croissance, l’idée de progrès, les équilibres écologiques, ainsi que la sécurité ou l’immigration -, des réponses et des solutions alternatives. Hors des vieilles recettes ».
En un mot, il s’agit de réfléchir au-delà des clivages politiques et sociaux à de véritables convergences républicaines qui nous permettraient de construire une alternative au système actuellement en cours. La crise est le bon moment pour mettre sur pied un projet de société humaine qui ne reprenne ni les erreurs du capitalisme financier néolibéral, ni celles du socialisme étatique. « Plutôt que de pratiquer la politique du pire en accumulant les ruptures, pourquoi ne pas avancer solidairement, sur un large front, en s’adjoignant et en intégrant le meilleur ». Le chômage est en train de connaître des progressions jamais atteintes. Frédéric Lemaître dans « Le Monde » explique que d’après l’OCDE, d’avril 2008 à avril 2009, le chômage a cru de 40% dans les pays les plus riches. De 2007 à 2010, il devrait même y avoir 26 millions de chômeurs en plus, un bond de 80%, sans précédent en si peu de temps. Jean Claude Trichet, Président de la BCE avertit : « Nous avons créé une économie financière mondialisée, il faut évidemment une gouvernance mondialisée. Mais le G20 ne suffit pas. Chaque pays doit internaliser les effets de sa politique sur ce bien supérieur collectif qu’est l’économie mondiale ». Le Pape vient de publier son encyclique « Caritas in veritate » qui actualise la doctrine sociale de l’église face à la mondialisation.
Une remise en cause s’impose avec la crise. Il n’est pas admissible que les traders recommencent à spéculer, que les grands patrons recommencent à se verser des salaires ou des primes indécentes… Il faut stopper cette fuite en avant au niveau de la dette qui est une atteinte à la fraternité générationnelle. Il faut stopper cette inégalité territoriale qui favorise l’exode de nos régions. Il faut éliminer toutes ces inégalités devant l’impôt, la retraite ou la santé. Chacun doit cotiser et travailler la même durée. Il faut permettre à chacun de se soigner sans pour autant dépenser sans compter. Il faut accorder à chaque homme le même respect, quelle que soit sa race, son niveau de culture ou son rang social. Cette réflexion collective peut déboucher sur une société plus juste et plus fraternelle. C’est notre souhait.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MODEM