Berlusconi enfin hors jeu, et après ?

Publié le par modem08

Berlusconi

Enfin, il est parti, et espérons que cela sera sans retour possible. Son obsession du pouvoir et son obsession de le garder pour éviter la justice et peut-être la prison, ont coûté cher à son pays et à l’Europe. L’Italie est un des 6 pays fondateurs de l’Europe. Sa défaillance financière, et surtout morale, porte un grave préjudice à son peuple et au peuple européen. « Libération » a titré « Ciao ! » en le montrant de dos pour bien signifier qu’il partait. L’éditorial de Pierre Rousselin dans le « Figaro » titrait le même jour : « Pour sauver l’euro, Berlusconi doit partir ». Il y écrit : « Celui que l’on nommait « Il cavaliere » est devenu la caricature de lui-même, l’incarnation de la faillite d’une certaine élite européenne, aussi arriviste que nombriliste…La crise de la dette est avant tout une question de confiance. Là aussi le président du Conseil a épuisé tout son capital. Sa parole est tellement dévaluée que l’annonce de sa démission prochaine n’a pas suffi à rassurer. Il a fallu mettre Rome sous tutelle du FMI et de la commission européenne. Même cela n’a pas calmé la tempête ».

Vincent Giret écrit de son côté dans son éditorial de « Libération » : « L’histoire retiendra surtout la manière singulière dont Georges Papandréou et Silvio Berlusconi ont été éjectés. Ce ne sont pas des foules de manifestants en colère (encore que la rue a amplifié le débat), mais les agences de notation et les marchés financiers qui ont crié un retentissant « dégage » à ces deux dirigeants soudain discrédités. Le coup de grâce fût donné à Cannes par le couple franco-allemand, érigé en directoire de l’Europe, et infligeant à ces deux premiers ministres une humiliation qui devrait entrer dans la légende. Un paradoxe heureux se profile pourtant en Grèce comme en Italie : à Athènes, une union nationale, hier impensable, se dessine pour tenter d’éviter le naufrage ; à Rome, les italiens se voient enfin débarrassés d’un mégalo sans scrupules dont les pathétiques facéties ruinaient chaque jour davantage leur crédit ». En titrant son éditorial « Enfin une bonne nouvelle pour l’euro », le « Monde » va dans le même sens en écrivant : « Le cavaliere paie ici pour des années de magouilles politico-affairistes, de manipulations de la justice, de frasques felliniennes, bref, des années de gouvernance « bunga bunga » qui ont épuisé son capital politique. Il y a une justice à ce départ sous la pression des marchés. C’est la contribution de Silvio Berlusconi à la sauvegarde de l’euro ».

La nomination de Mario Monti devrait permettre de rassurer les marchés et d’engager les réformes nécessaires à la tête d’un gouvernement d’entente nationale, indispensable dans cette période de crise. C’est le président de la République, Giorgio Napolitano, 86 ans, qui l’a nommé et qui s’emploie ainsi à sauver l’image et la réputation de son pays. « Le Monde » le décrit ainsi : « surnommé le prince rouge, en raison de ses manières élégantes et de sa filiation politique, (ancien député communiste), culturellement et idéologiquement aux antipodes de M. Berlusconi, il a pris soin de ne se laisser entraîner dans aucune polémique avec lui. Cette réserve d’un homme du sud, profondément attaché à ses racines, lui vaut un statut à part entre l’ange gardien et la statue du commandeur. Avec son épouse Clio, ils forment un couple à la Yvonne et Charles de Gaulle en plus riant. Dans les sondages, son indice de bonnes opinions n’est jamais descendu sous les 80 % ». Mario Monti est un économiste universitaire rigoureux. A 68 ans, il n’appartient à aucun parti politique et a été commissaire européen respecté de 1995 à 2004. Son premier et bref message a été clair : « Le pays doit redevenir un élément de force, non de faiblesse, dans une union européenne dont nous avons été parmi les fondateurs…L’Italie peut vaincre la crise grâce à un effort collectif ». Il a toujours lutté contre les intérêts particuliers en ne défendant que l’intérêt général. C’est un homme intègre, rigoureux, indépendant, disposé à servir son pays et l’Europe. C’est donc une bonne nouvelle dans ce contexte de crise et d’incertitudes.

Ces secousses grecques et italiennes, après celles de l’Irlande, de l’Espagne et du Portugal, font craindre que la France soit la suivante sur la liste. Le comportement actuel de Nicolas Sarkozy est correct, mais il a été tellement mauvais dans les premières années de son quinquennat, avec son côté bling-bling et son népotisme, que la confiance qu’il inspire aux marchés reste fragile. Les deux plans de rigueur annoncés en quelques mois manquent de cohérence, de justice et surtout de lisibilité. Tout le monde parle d’un 3ème plan qui pourrait arriver assez vite. Au lieu de s’envoyer des critiques acerbes et des attaques personnelles de bas niveau, nos responsables de droite et de gauche, feraient mieux de se rencontrer, de discuter, de se respecter et de donner à l’extérieur l’image d’une France responsable à qui l’on peut faire confiance. « Courrier International » titre sur « Le vrai état de la France révélé par la presse étrangère ». On peut y lire par exemple dans le magazine anglais Prospect : « Sarkozy n’a ni la cohérence ni l’envergure requises pour la fonction présidentielle. Le chef de l’Etat est un guérillero et non un stratège, et ses initiatives, pour l’essentiel, n’ont guère eu les effets escomptés…Mais, en face, le parti socialiste doit encore élaborer une politique économique convaincante au lieu de se contenter de surfer sur l’impopularité de Sarkozy ». En Allemagne, le « Frankfurter Allgemeine Zeitung » dit : « L’austérité qu’il prône est plus symbolique que substantielle ». A Madrid, « El Pais » écrit : « C’est l’Allemagne qui décide des délais, des moyens, des montants. La France rame dans son sillage, s’efforçant de mettre un peu d’humanité et de chaleur là où Berlin ne voit que joueurs de bonneteau, gaspillage et indiscipline ». A Londres, le « Financial Times » écrit : « Nicolas Sarkozy fait preuve de mauvaise volonté en se faisant le chantre d’une tradition gaulliste dont l’objectif premier est de protéger les pouvoirs présidentiels de l’immixtion européenne, quel qu’en soit le prix pour l’efficacité collective de l’Europe…La France doit dépasser l’histoire de la Vème République et apprendre à s’accommoder d’une organisation plus fédérale du pouvoir. Merci, mon général, bonjour, Monsieur Monet ». Dans ce qui arrive aux italiens, et qui pourrait bien nous arriver plus vite que prévu, sachons nous rassembler et rester humbles.

                                                                                        Jacques JEANTEUR

                                                                                     Mouvement  Démocrate

 

Publié dans Politique générale

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blog(fermaton.over-blog.com),No-6. THÉORÈME DE LA CHUTE. Obsédé de Pouvoir ?
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