Diplôme et compétence
La 3° conférence régionale de l’orientation vient de se tenir à Châlons. Elle a affirmé très clairement la volonté de la région de faire de l’orientation tout au long de la vie une de ses priorités. C’est en continuité totale avec le mandat précédent, où j’avais fait inscrire l’orientation comme priorité régionale au contrat de plan Etat-Région 2000-2006. « Le Monde », analysant le livre d’Eric Maurin sur « Le déclassement social » vient de titrer : « Le diplôme est plus que jamais le sésame de la réussite en France ». Cela sous-entend en sens inverse que le jeune sans diplôme est voué à l’échec. L’auteur dit : « Jamais les diplômes n’ont été aussi importants pour l’obtention de statuts au sein de la société. ». Il explique que, depuis cinquante ans, les politiques publiques, de gauche comme de droite, ont privilégié « la protection de ceux qui ont un emploi plutôt que le soutien de ceux qui n’en ont pas ». Ils ont donc protégé le statut et le diplôme au détriment de la compétence et de la motivation.
L’orientation d’un jeune est un acte fondamental. Comme l’a dit le recteur Alexandre Steyer : «Le jeune doit s’orienter et non être orienté ». Cela doit être une démarche qu’il s’approprie avec l’aide de ses enseignants et de ses parents. De son côté, mon ami Gaston Paravy, Président du réseau national des Maisons de l’Information sur la Formation et l’Emploi (MIFE) a dit : « Chaque personne est une histoire de vie ». C’est une approche humaniste positive qui veut que chaque être humain soit irremplaçable et, que son décrochage ne permette à aucun autre de prendre sa place, ce qui crée un manque irréparable pour la communauté. La société humaine est un immense puzzle où chaque individu représente un morceau. L’œuvre ne peut donc pas être achevée, si un morceau manque. L’orientation doit être cette démarche qui permet à chacun de prendre en charge sa vie et de l’orienter vers ce à quoi il aspire. Tout homme est appelé à une compétence. Il doit donc découvrir sa vocation profonde et choisir ensuite la formation qui lui permettra de la réaliser. Le diplôme l’aidera au départ dans la vie, mais, sans la compétence, il ne pourra pas réussir durablement.
C’est très tôt que cette culture de l’orientation doit être introduite, au travers de la découverte concrète des métiers, mais surtout par une pédagogie de la curiosité. C’est ce qui manque le plus actuellement. Les nombreux jeunes que je reçois et qui sont en recherche d’un emploi ou d’un contrat d’apprentissage, ont rarement fait un choix volontaire et positif de formation. Ils ont le plus souvent été orientés par l’Education Nationale en fonction des seuls résultats scolaires. C’est fort dommage. Lorsque l’on a commis l’erreur fatale de vouloir 80% d’une classe d’âge de bacheliers, on a accentué le déclassement social. Il y a 20 ans, 80% des champardennais n’avaient pas le bac et, même 50% étaient sans diplôme. Cela ne signifiait pas qu’ils étaient incompétents. Dans des régions comme la notre ou la Picardie, il faut aider chacun à être l’acteur de son orientation pour qu’elle soit source d’espoir. La validation des acquis de l’expérience doit suppléer le manque de diplôme et permettre la réinsertion.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MODEM