INFORMATIQUE : VENTE FORCÉE ET MÉGA MONOPOLE – LA PLANÈTE MICROSOFT
Souhaitant depuis pas mal de temps acquérir un ordinateur portable, mais refusant d’alimenter le monopole d’un quelconque concepteur de logiciels, il me fallait trouver une machine fonctionnant sous système d’exploitation libre (Linux), voire sans aucun logiciel préinstallé. N’étant pas pressé, j’ai vainement cherché durant au moins un an auprès des enseignes informatiques, sur Internet, dans des catalogues, bref dans tout ce qui peut se trouver comme offre dans ce domaine.
Bien sûr j’ai trouvé quelques appareils sur lesquels le système Linux est installé de base. Cependant, à chaque fois, il ne s’agissait que de petits ordinateurs de poche, des mini portables comme on peut dire ou que l’on désigne assez communément sous l’appellation de netbook. Ce type d’appareil ne correspond pas à mes besoins actuels. Hormis ces quelques mini portables, aucun ordinateur portable classique n’échappe à Windows et, a fortiori d’ailleurs, les ordinateurs fixes de bureau ; et ceci sur toute la planète de l’Amérique à la Chine en passant par l’Inde et bien évidemment l’Europe.
Si l’on veut utiliser des logiciels libres et gratuits comme Ubuntu ou Mandriva, il n’est absolument pas nécessaire d’acheter une licence propriétaire puisque ces logiciels se téléchargent librement et gratuitement sur le Net ou s’installent à partir de CD également gratuits.
Il est donc théoriquement possible d’économiser 30 % du prix d’un PC neuf en refusant la version Windows qui est quasi systématiquement vendue avec l’ordinateur, d’autant que l’on peut avoir déjà acheté une licence d’utilisation lors d’une précédente acquisition d’un ordinateur ; alors pourquoi payer deux fois la même chose ? Cependant, ni les constructeurs, ni les distributeurs ne communiquent sur cette possibilité.
Certains prétendent rembourser facilement mais multiplient en réalité les obstacles pour décourager les amateurs d’économie ou ceux qui comme moi refusent un monopole énormes, monstrueux, un méga monopole scandaleux, à tel point que même feu Georges Marchais n’aurait jamais trouvé assez de « a » pour sa célèbre réplique « mais c’est un scandaaaaaaaaaaale » ; bref, du jamais vu de tout temps dans le domaine commercial. D’autres refusent purement et simplement cette option à leurs clients.
Pas facile pour le consommateur de s’y retrouver dans cette jungle, ni de connaître les éventuels recours, c’est un véritable parcours du combattant. Pourtant le droit français de la consommation prévoit qu’avant d’acheter un ordinateur, le client doit être clairement informé du prix qu’il va payer pour Windows et des clauses contractuelles qui vont le lier à Microsoft. Dans les faits, ces obligations sont rarement remplies, pour ne pas dire jamais.
Face à un constructeur peu coopératif, il est possible d’obtenir le remboursement de Windows en justice, mais la plupart des consommateurs lésés préfèrent renoncer à leurs droits plutôt que d’engager des poursuites pour des sommes allant de 100 à 300 € quand même, sans compter le prix des logiciels d’applications qu’il faut ensuite acheter en fonction de ce que l’on souhaite pouvoir faire. Sans aller jusque là, si l’on parvient à obtenir gain de cause à l’amiable si l’on peut dire, il faut savoir que l’ordinateur doit être renvoyé chez le constructeur, sous délai maximum de 15 jours, aux risques et périls et aux frais de l’acheteur et, que le logiciel ne doit pas avoir été ouvert etc… etc… j’en passe et des meilleures. Finalement, c’est tellement dissuasif et le jeu n’en valant pas la chandelle, que même les plus tenaces finissent par renoncer.
En consultant le site Internet http://racketiciel.info - le nom évoque bien entendu le véritable racket sur lequel repose ce monopole auquel on assiste depuis des années et qui perdure -, on trouve une mine d’informations sur le sujet avec entre autre une pétition (37 355 signataires à ce jour depuis le 12 avril 2006) contre ces pratiques illégales et, la liste des constructeurs qui acceptent ou non de rembourser Windows avec leurs conditions, souvent draconiennes, pour y parvenir. Parmi ces informations, outre les textes réglementaires qui interdisent expressément la vente forcée et, c’est bien de cela qu’il s’agit, on trouve également un grand nombre de questions écrites posées aux ministres français concernés. Ce qu’il en ressort, c’est qu’effectivement tout le monde s’accorde à reconnaître que ces pratiques sont parfaitement et indubitablement illégales. Cependant, dans leurs réponses, les ministres en particulier et les pouvoirs publics en général se défaussent, en accusant constructeurs et distributeurs de ne pas jouer le jeu. Autrement dit, faisant preuve d’un laxisme absolu, ils acceptent sans réagir que les lois et les règlements français soient bafoués.
Finalement, j’ai donc dû faire comme tout le monde, c’est-à-dire me résigner et acheter un ordinateur portable équipé de Windows et, j’ai donc dû me laisser fourguer à titre onéreux bien entendu puisque c’est compris dans le prix d’achat de l’ordinateur, une seconde licence d’exploitation Microsoft puisque j’en avais déjà une avec mon ordinateur fixe.
Puis avec les amis de l’Association ILARD (Informatique Libre en Ardenne – http://site.ilard.net) nous avons viré Windows pour installer, gratuitement bien sûr, Linux et les nombreux logiciels d’application qui se déclinent sous ce système et qui n’ont le plus souvent rien à envier aux logiciels propriétaires qu’il s’agisse de la suite bureautique Open Office (traitement de texte, tableur, base de données) que beaucoup utilisent d’ailleurs quotidiennement au sein de leur entreprise ou de leur administration sans toujours savoir qu’il s’agit de logiciels libres, du traitement de photos, de la réalisation de dessins vectoriels, de la vidéo, du son, de la navigation sur Internet etc… etc… Et tous ces logiciels d’applications fonctionnent souvent mieux, parce que moins gourmands en mémoire et sans risque notamment de virus, que les logiciels propriétaires qu’il faut acheter bien évidemment en plus de la licence d’exploitation, sinon cela ne vaudrait pas le coup, pensez donc ! Maintenant, comme tous les utilisateurs de logiciels libres et ils deviennent de plus en plus nombreux, ILARD par exemple a vu ses effectifs passer de 31 en 2007 à 72 adhérents à jour de leur cotisation en 2010, sans compter les partenaires et les sympathisants, j’ai quand même évité ce qui n’est pas mince, l’achat à titre très onéreux de tous ces logiciels sous licence propriétaire.
Alors que économiquement tout le monde n’a pas encore accès à l’informatique eu égard à son prix et que la société de consommation dont procède la politique commerciale agressive de Microsoft – le taux de renouvellement du parc informatique en France est passé de 6 ans en 1997 à 2 ans en 2010 - au mépris de l’environnement et du développement durable, pas étonnant dans ce contexte que l’ex-patron de Microsoft, ait été et soit peut-être encore l’homme le plus riche de la planète terre, que l’on pourrait hélas appeler la planète Windows ou Microsoft. Même si, retraité, sa démarche philanthropique actuelle est tout à son honneur (exit, entre autres, son interview hier soir au Journal de France 2 dans le cadre du forum économique mondial de Davos), il convient de relativiser le « sacrifice » de quelques sous à proportion de sa colossale fortune, pour des œuvres caritatives, ainsi que sa fracassante déclaration de se dire disposé, à grand renfort médiatique sans grand risque d’ailleurs, à payer davantage d’impôts aux Etats-Unis. Méditons simplement la citation de l’historien latin Quinte-Curce ( Ier.s. apr. J. C. ) : « les rivières les plus profondes sont les plus silencieuses ».
Vive les logiciels libres et, ne nous y trompons pas, à court ou moyen terme c’est l’avenir car, l’histoire économique montre que, comme en toute chose, les trusts ont leur temps, mais aussi une fin !
Michel TONON
MoDem Ardennes