L’exemple du 18 juin 1940
Il y a 70 ans, le lendemain du discours du Maréchal Pétain, Charles de Gaulle lançait de Londres son appel à la résistance. Quelques heures après la démission de Paul Raynaud de la Présidence du Conseil, dont de Gaulle était sous secrétaire d’état à la défense, Pétain est chargé de constituer le gouvernement. Il appelle aussitôt à cesser le combat et dit : « Sur de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur…C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat…Que tous les français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie ».
Arrivé à Londres ce même 17 juin, le général convient avec Churchill de s’adresser au peuple de France sur la BBC dès le lendemain 18 juin. Dans son appel historique, il dit : « Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non…Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique, ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi. La flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Ce refus de la défaite, ce refus de la soumission et de la collaboration, c’est l’acte fondateur de la France libre.
Cela doit nous faire réfléchir au moment où notre pays a accepté de perdre ses valeurs en faisant de l’argent le seul critère de la réussite et, en faisant de la dette le seul programme pour plaire aux lobbies. Depuis 1981 et, la fin du gouvernement de Raymond Barre, tout discours de rigueur, d’effort et de justice est considéré comme contraire à l’intérêt de la France. Tous ceux qui sont entrés en résistance ont été critiqués et tournés en dérision. Que ceux qui nous gouvernent ou, nous ont gouvernés depuis 30 ans, se souviennent de l’appel du 18 juin et de ceux qui ont tout quitté pour y répondre. Le Point et le Nouvel Observateur viennent d’en faire leur couverture. 120 ans après sa naissance et 40 ans après sa mort, de Gaulle reste le français le plus fascinant et le plus reconnu. Dans ses Mémoires de guerre, il écrit : « A mesure que s’envolaient les mots irrévocables, je sentais en moi-même se terminer une vie, celle que j’avais menée dans le cadre d’une France solide et d’une indivisible armée. A 49 ans, j’entrais dans l’aventure, comme un homme que le destin jetait hors de toutes les séries ». Cette épopée, il l’a vécue, soudé à son épouse Yvonne et à sa famille. Ce n’était pas un homme de pouvoir, d’honneur ou d’argent. C’était un homme de devoir, avec un sens de la France hors du commun. Les valeurs qu’il défendait et, pour lesquelles il a toujours combattu, étaient celles de l’effort, de la justice et de l’intérêt général. Ce n’était ni un homme de droite, ni un homme de gauche, mais un français tout court, soucieux des autres français. Dans son discours du 12 septembre 1940, alors qu’il vient d’être jugé et condamné à mort par contumace et déchu de sa nationalité, de ses droits civiques et de son grade, il écrit : « Les grandes sources de la richesse commune doivent être dirigées et exploitées non point pour le profit de quelques uns mais pour l’avantage de tous. Il importe que les coalitions d’intérêt qui ont tant pesé sur la politique même de l’Etat soient abolies une fois pour toutes ».
Ces mots sont d’une grande actualité. Au moment du débat sur les retraites et sur le plan de rigueur, il serait bon que nos dirigeants méditent avec humilité ce message. Résister aux mesures injustes prises par Nicolas Sarkozy lors de son élection est pour moi un devoir. Résister aux positions archaïques de Martine Aubry inspirées par les sectaires de l’extrême gauche est aussi pour moi un devoir. Plus que jamais, c’est l’humanisme gaulliste qui doit nous inspirer et nous guider. Quand entre 1966 et 1968, j’affichais la photo officielle du Général de Gaulle sur la porte de ma chambre, beaucoup de camarades d’HEC crachaient en me croisant. C’était l’époque de la guerre du Vietnam et, il était de bon ton chez les étudiants d’être anti-américain et de gauche. Les cellules communistes étaient fortes. Cela n’a pas beaucoup changé aujourd’hui quand je défends le projet humaniste des démocrates et de François Bayrou. La presse locale me censure et les responsables politiques se méfient car je dénonce les corruptions de tous bords. Résister n’a jamais été facile, mais il vaut mieux résister à quelques uns que de se soumettre en masse. Les générations futures ont besoin de résistants aujourd’hui, pour pouvoir vivre demain dans un pays libre, juste et solidaire.
Jacques JEANTEUR
Mouvement Démocrate