L’heure du choix
Avec ce système pervers du bipartisme, il nous faut choisir entre le vote blanc ou un clan. Je préfère choisir en conscience ce qui semble le plus utile pour les Français. Pour moi, je cherche d’abord ce qui rassemble le plus et je rejette ce qui divise. Je choisis la voix la plus centrale pour éviter les extrêmes. Mon engagement politique a toujours été sur les valeurs et non sur les hommes. Elu en 1986, comme Vice Président de Bernard Stasi, j’ai toujours combattu à ses côtés les extrêmes de droite comme de gauche. Je sais à quoi ils ont mené dans le monde. Les morts se comptent par dizaines de millions chez les dictateurs fascistes ou communistes. Les droits de l’homme ont été bafoués en Tunisie, en Lybie, en Egypte, en Syrie, en Corée…. Les thèses du FN, comme l’étaient les thèses communistes d’il y a 30 ans, sont donc incompatibles avec ma vision du « Vivre ensemble ». Le communisme stalinien a disparu, mais il y a encore dans l’extrême gauche française des théories dangereuses et souvent haineuses. Elles aussi, sont très loin de ma vision humaniste du « Vivre ensemble ». Dimanche, il faudra donc mettre un bulletin dans l’urne. J’hésite encore entre voter blanc, comme en 2007, ou voter Hollande, comme je l’ai fait aux primaires socialistes, après avoir voté Vals au 1er tour. Bien sur, je suis très déçu par le score de François Bayrou dimanche dernier et par le peu d’attention portée à son projet d’une France solidaire. Les sectarismes de gauche et de droite ont largement triomphé et le PS comme l’UMP ont choisi de flatter les extrêmes plutôt que d’écouter la voix sage des humanistes. Il faut respecter le vote populaire, issu de cette campagne violente et mensongère. C’est le devoir des démocrates.
François Bayrou a envoyé à chacun des deux candidats du 2ème tour une lettre Il parle de la crise financière qui n’est pas derrière nous, contrairement à ce que l’on a tendance à nous faire croire, et il écrit : « Et parce que nous allons vivre ces moments difficiles, l’attitude personnelle des gouvernants comptera beaucoup. C’est une question de valeurs, personnelles autant que politiques. Depuis des années, c’est la violence des attitudes et des mots, la guerre d’un camp contre l’autre, la complaisance à l’égard des extrêmes qui caractérisent notre pays. Le refus de la violence perpétuelle dans la vie politique, les valeurs de respect des sensibilités différentes, la reconnaissance du pluralisme, la recherche de l’équilibre, sont la condition nécessaire à l’esprit d’unité nationale dont nous aurons besoins face à la crise. C’est ainsi, et seulement ainsi, par la vérité et l’unité que la France pourra regarder en face les conditions de son redressement. Or, la recherche de l’équilibre des finances publiques n’est obtenue dans vos deux projets que par l’affichage d’une croissance impossible à court terme. Je vous demande instamment de réfléchir à ce péril et d’envisager des mesures crédibles pour l’écarter s’il est encore temps. » Il précise ensuite les points principaux sur lesquels il attend des réponses claires, positives ou négatives.
– La règle d’or à inscrire dans la Constitution comme pour tous les pays de la zone euro. Curieusement, le PS s’y oppose depuis longtemps, mais il est vrai qu’il souhaite renégocier l’ensemble du traité européen en cours de ratification
- Le développement de notre appareil de production et la protection de notre modèle social né du Conseil de la résistance. Ce volet a été repris par les deux candidats, mais le respect du dialogue social n’est réel que chez François Hollande.
- La priorité donnée à l’apprentissage de la langue française en primaire. La réponse des deux est assez floue et ce n’est pas le nombre d’enseignants qui est la bonne réponse.
- La moralisation de la vie publique et le changement des pratiques politiques, avec des engagements clairs. François Hollande y souscrit presque totalement.
- Un progrès vers une Europe plus communautaire, avec une vraie gouvernance, de la transparence et de la lisibilité. Nicolas Sarkozy prône une gouvernance intergouvernementale au lieu d’une gouvernance plus fédérale. La position de François Hollande n’est pas limpide.
Ces sujets fondamentaux pour l’avenir de la France et de l’Europe font que François Bayrou restera en réserve de la République, et qu’en cas de crise très forte, les français sauront pouvoir compter sur lui pour redresser la France.
Le débat télévisé de mercredi ne sera pas déterminant pour moi, car il y a tellement d’injures et d’invectives entre les deux camps depuis des semaines, avec un refus de débat avec les autres candidats, que je ne vois pas pourquoi on en apprendrait plus. On aura peut-être la tentation de se laisser abuser par le meilleur menteur ou bonimenteur. Cela ne me fera donc pas évoluer dans ma position qui reste à aujourd’hui, une hésitation entre le vote blanc et le vote Hollande, avec une préférence pour le vote Hollande. J’avoue trouver chez lui une carrure présidentielle, avec des convictions claires et durables. J’apprécie aussi son respect des autres, ce qui en fait pour moi un candidat soucieux de rassembler, alors que le vote Sarkozy serait pour moi un gage de division, la preuve en ayant été donnée depuis 5 ans. Certes, il reste la question de l’euthanasie sur laquelle je suis en divergence totale avec la gauche, mais, à ce niveau, le vote ne représente ni un blanc-seing ni une adhésion à l’ensemble du programme. Le débat permettra d’exprimer son accord ou son désaccord sur les sujets de fond au fur et à mesure où ils seront abordés dans le quinquennat qui s’ouvre.
Jacques JEANTEUR