Le courage des peuples

Publié le par modem08

TunisieEgypteCe qui vient de se passer en Egypte comme en Tunisie est d’une très grande importance, tant dans son déroulement que par ses conséquences sur le monde arabe, et sur le monde entier. Face à la dictature, à la corruption et au mépris qu’elle induit, chaque individu a mûri sa révolte et l’a laissée éclater lors d’une démarche collective. De tels évènements demandent donc à la fois une démarche individuelle et une démarche collective. Pour Stéphane Hessel, l’auteur du pamphlet best seller «  Indignez-vous » : « Ce qui se passe en Tunisie est très particulier car, pour une fois, c’est le peuple qui a décidé qu’il en avait assez d’être dirigé d’une façon aussi brutale et corrompue… La Tunisie est un exemple d’une libération démocratique et d’une insurrection pacifique. Je fais le vœu que ce qui se passe soit le début d’un élan démocratique dans le monde, ce dont nous avons tant besoin ».  Pour Jean Daniel, qui connaît bien le peuple tunisien : « Il y avait un état si policier qu’aucun des habitants ne se sentait à l’abri d’une surveillance menaçante, tandis qu’une famille de voyous prédateurs humiliait d’autant plus le peuple que la misère des déshérités faisait place à l’ancienne prospérité. C’est donc aussi une révolte contre l’humiliation qui restitue la fierté d’être tunisien ». La remarquable dignité et fermeté avec lesquelles le peuple égyptien a obtenu le départ d’Hosni Moubarak mérite le respect et suscite une vague forte d’espérance, comme ce fût le cas lors de la chute du système communiste à la fin des années 80. Chaque régime qui opprime l’homme, occupe un territoire qui n’est pas le sien, ou se sert au détriment de son peuple, est appelé à disparaître de gré ou de force. Depuis de longues années, on pensait que le monde arabe acceptait le despotisme et l’injustice. Personne ne voyait venir une telle lame de fond. La plupart des démocraties occidentales ont d’ailleurs été prises de court. Ce fût le cas particulièrement de la France, ancienne puissance coloniale, qui avait des liens très étroits avec les régimes arabes d’Afrique du Nord. Les bavures des voyages  de fin d’année de Michèle Alliot-Marie en Tunisie, de François Fillon en Egypte et de Nicolas Sarkozy au Maroc montrent bien la très grande proximité du gouvernement avec les responsables politiques de ces pays. Chacun connaissait la corruption fantastique du régime Ben Ali et l’absence de liberté du régime Moubarak, mais on s’en accommodait, et, pire, on en profitait. Ceci ne doit toutefois pas occulter la formidable espérance qui se lève dans le monde arabe.  Trop longtemps, le conflit du monde arabe avec Israël a servi de prétexte à ces dictatures. L’intellectuel palestinien Khaled Hroub écrit dans le journal londonien Al-Hayat : « Ce discours sur l’exception arabe est contredit par le soulèvement auquel nous assistons aujourd’hui à travers tout le monde arabe. Il est salutaire en ce qu’il redonne confiance aux Arabes, individuellement et collectivement… Le véritable développement et la réussite économique exigent la liberté, la transparence, la démocratie et une justice irréprochable qui combat la corruption au lieu de la couvrir… L’Etat hébreu, avec ses occupations de terre et ses menaces, a fourni des prétextes aux dirigeants arabes pour appeler à l’union sacrée et faire reculer les débats sur les libertés. Pourtant, l’Etat démocratique et pluraliste d’Israël (si on exclut sa discrimination à l’égard de sa minorité arabe) a vaincu maintes fois les armées arabes. Ce qui signifie que la démocratie et la liberté ne constituent pas un obstacle à la volonté de faire face à des menaces extérieures ».

SyrieLybieDans ces heures extraordinaires que nous vivons, nous devons garder une grande humilité et ne pas vouloir faire des analyses trop  rapides à partir de stéréotypes anciens. Les foules tunisiennes et égyptiennes ont fait preuve d’une très grande maturité. Elles ont montré leur détermination non violente pour une société de justice et de liberté, à l’opposé des images de guerre, de terrorisme, d’archaïsme sociétal  et d’intégrisme que nous avons de cette région du monde. Comme le dit très justement Guillaume Goubert dans « La Croix » : Il faut donc aborder les temps qui s’ouvrent avec une grande humilité, sans plaquer de vieux schémas d’analyse sur une situation nouvelle. Ce qui n’exclut  pas la fermeté sur plusieurs principes comme la priorité au dialogue, le refus de  la violence et la défense de la liberté, en particulier dans le domaine de la religion. Dernière qualité requise : la patience. Il faudra beaucoup de temps et de tâtonnements pour construire un nouvel édifice politique dans le monde arabe ».

AlgerieMarocUn système dictatorial, corrompu et liberticide vient de tomber en Tunisie et en Egypte. Il persiste encore dans d’autres pays arabes, comme l’Iran, la Lybie, le Yemen, l’Algérie… Nous ne sommes donc qu’à l’aube du renouveau. Il y aura sans aucun doute de nombreuses victimes dans les soulèvements à venir, mais la liberté de penser, de croire et de parler ne se monnaie pas. La corruption est la mère de toutes les dictatures et de toutes les injustices. Elle doit donc être combattue sans relâche et sans faiblesse, chez nous comme ailleurs. Il ne peut y avoir aucune complicité avec les comportements mafieux, quels qu’ils soient et où qu’ils soient.

 

 

                                                                       Jacques JEANTEUR

                                                                    Mouvement  Démocrate

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