Leçons du 1er tour des Municipales

Publié le par modem08

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Le 1ertour des municipales a amplifié ce qui était attendu. La gauche a été largement défaite et le pouvoir fortement sanctionné. Le Front National a fait une percée importante et sera présent au second tour dans une centaine de triangulaires. La droite a refait le chemin perdu. Mais surtout, l’abstention a battu tous les records pour des élections municipales en atteignant nationalement 38,72 % contre 33,46 % en 2008, précédent record. C’est donc un désaveu de toute la classe politique et un rejet de l’équipe au pouvoir dont l’impopularité bat, elle aussi, tous les records.


Pour moi, je retiens surtout de vraies lueurs d’espoir.


A Charleville-Mézières, un espoir immense s’est levé. Boris Ravignon, jeune candidat de rassemblement de toute l’opposition à la coalition socialo-communiste-verts, a atteint 46,72 % soit 6 962 voix. Philippe Pailla, qui a pris la succession de Claudine Ledoux, nommée en septembre au poste de complaisance d’ambassadrice itinérante dans l’océan indien, n’a fait que 30,42 % soit 4 533 voix et le FN sera présent au second tour avec 15,87 % soit 2 365 voix. L’abstention a atteint le chiffre record de 47,89 %. En 2008 la gauche avait fait 47,28 % soit 7 654 voix et la droite 37,98 % soit 6 149 voix. Cela fait des années que je dénonce publiquement la gestion calamiteuse de notre ville qui est la raison principale de son déclin. Il y a eu non-assistance à ville en danger. Le problème n’est pas une alternance gauche – droite, mais bien de casser la main mise depuis 1977 d’un clan corrompu sur la gestion de la ville. Il faut que le second tour confirme cet immense espoir. Pour moi, je n’ai qu’un seul message : « Il faut les dégager car ils ont étouffé notre ville et l’ont vidée de ses forces vives ».


A Pau, François Bayrou est largement en tête avec 41,85 %, soit 1 .749 voix, devant la gauche à 25,77 %, soit 7 850 voix. En 2008, il avait fait 32,61 % et la gauche 33,87 %. C’est le candidat, ex-socialiste soutenu par Nicolas Sarkozy, qui l’avait empêché d’être élu au 2èmetour. La gauche était passée avec 39,76 % devant lui avec 38,81 % et le dissident à 21,42 %. Je souhaite de tout cœur qu’il soit brillamment élu au second tour, car il est l’un des rares hommes politiques à ne pas avoir versé dans les magouilles et les luttes de clans. Il a toujours préféré ses convictions aux avantages du pouvoir. C’est trop rare pour ne pas être reconnu. On lui a reproché son inconstance, alors qu’au contraire il a toujours été constant dans son refus de la bipolarisation, de la corruption et dans sa volonté de travailler avec les meilleurs des deux bords. Il a le soutien franc d’Alain Juppé.


A Bordeaux, Alain Juppé a été élu avec 60,95 %, mieux que ses 56,6 % en 2008. Il devrait normalement conquérir aussi la communauté urbaine de Bordeaux. Il est à mes yeux le seul qui puisse être un recours valable face à une gauche discréditée. Il est aussi le seul capable de rassembler la droite et le centre pour redresser le pays. Nicolas Sarkozy a trop divisé pour espérer ensuite rassembler.


Même si le premier tour est le meilleur baromètre de la démocratie, il ne faut rien conclure avant le soir du 2èmetour. Il y a deux inconnues importantes : dans les triangulaires, le FN maintiendra-t-il son score du premier tour et les abstentionnistes vont ils se déplacer pour atténuer la débâcle de la gauche ? Dans le cas de Charleville, qui me tient très à cœur, il faudrait une mobilisation très forte des abstentionnistes de gauche pour que la gauche garde la ville. L’humiliation du premier tour est très forte et peut faire craindre des comportements violents. Les sortants vont craindre que la nouvelle équipe mette à jour des dossiers peu reluisants. J’espère que Boris Ravignon aura la sagesse de commander un audit financier dès son arrivée, s’il est élu. A Pau, tout va dépendre du comportement du dissident socialiste Yves Urieta, ex maire de Pau entre 2006 et 2008 à la suite du décès d’André Labarrère, maire socialiste de 1971 à 2006. A Bordeaux, les choses sont très bien engagées.


Dans tous les cas, il faut que cette élection serve d’avertissement pour le PS comme pour l’UMP. Les électeurs, les jeunes en particulier, aimeraient avoir une autre vision de leurs élus que celles que leur donnent les querelles d’ego ou les magouilles plus ou moins mafieuses. A Marseille, le choix n’était pas le plus attractif entre le socialiste Mennucci, lié aux mauvaises pratiques de Guerini et l’UMP Gaudin qui se représente à 74 ans pour un 4èmemandat, qui s’achèvera quand il aura 80 ans. A Levallois, Patrick Balkany, plusieurs fois condamné par la justice est cependant réélu avec 51 % des voix, comme en 2008. La malhonnêteté n’est donc pas sanctionnée.


Nul ne doit se considérer irremplaçable comme nul ne doit se considérer au-dessus des lois sous prétexte qu’il détient le pouvoir. A tous ceux qui ont été élus hier, ou qui le seront dimanche, je conseille de se souvenir du passage de la règle de Saint Benoît sur l’établissement de l’abbé, qui est élu démocratiquement par les moines de sa communauté : « Investi de ses pouvoirs, l’abbé pensera continuellement aux lourdes responsabilités qu’il assume devant un Maître auquel il doit rendre compte de sa gestion : puisse-t-il être convaincu qu’il importe plus de se dévouer que de dominer…Qu’il soit intègre, modéré, indulgent, et fasse toujours prévaloir la miséricorde sur la justice, en sorte qu’il bénéficie à son tour d’un traitement pareil. Il haïra les vices mais ne laissera pas d’aimer ses frères…Qu’il se garde d’être turbulent et d’humeur inquiète, emporté et opiniâtre, jaloux et soupçonneux : car, en si grand dépit, nul répit ».


 

                                                              Jacques JEANTEUR

Publié dans Politique générale

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