Les primaires socialistes
Le 1er tour des primaires socialistes aura lieu dimanche et, c’est déjà une réussite sur le plan de la démocratie. Les 6 candidats ont pu exposer clairement leur vision de l’avenir de notre pays et les priorités qu’ils comptaient donner pour le relever. Ce débat montre la richesse du pluralisme, à commencer au sein d’une même famille de pensée. Il est normal que des primaires n’aient pas lieu dans le camp du sortant qui se représente, mais il est clair que cette absence de débat interne à l’UMP sera un handicap sérieux pour la droite. La renonciation de Jean-Louis Borloo, qui est tout à son honneur, montre bien qu’il n’est pas possible de faire vivre un pluralisme à droite sous Sarkozy. On se soumet ou, on s’oppose. C’est une vision manichéenne de la démocratie, que j’ai vécu au sein de majorité régionale entre 1998 et 2006 et que j’ai toujours dénoncée en interne. Je n’ai malheureusement pas osé exprimer trop publiquement ma différence, car nous avions été élus sur une liste commune. En 2006, nous avons fait des listes séparées au 1er tour, et nous nous sommes ensuite exprimés librement en assemblée, sans avoir à rendre compte ou à nous soumettre à qui que ce soit.
Pour voter aux primaires socialistes, il suffit de payer 1€, ce qui est normal, et de signer un engagement de reconnaissance dans les valeurs de gauche et dans le projet d’une société de liberté, d’égalité, de fraternité, de laïcité, de justice et de progrès solidaire. Tout citoyen modéré et humaniste peut adhérer à ces valeurs, sans pour autant être socialiste. Je vais donc faire mon possible pour aller voter dimanche. J’ai suivi les propositions de chacun des candidats. Je ne pourrai pas voter pour Arnaud Mondebourg qui prône la démondialisation et le retour au protectionnisme. Je ne pourrai pas non plus voter pour Martine Aubry, dont j’ai connu le sectarisme et l’autoritarisme quand je présidais le comité national de coordination de la formation professionnelle et de l’apprentissage et qu’elle était ministre du travail et de la formation professionnelle. Je me suis heurté violemment à elle et j’ai toujours refusé de céder à ses injonctions. Son blocage sur les 35 heures montre qu’elle peut être dangereuse pour le pays. Je ne suis pas contre les emplois jeunes qu’elle prévoit, mais elle me semble s’engager dans une voie dépensière irréaliste, compte tenu de la situation financière du pays. Je ne pourrai pas non plus voter pour Ségolène Royal, malgré son courage en 2006 face aux éléphants suicidaires du PS. Ses propositions sont souvent intéressantes, mais son comportement est tellement surprenant, que je ne la vois pas capable de fédérer la gauche d’abord, et le pays ensuite.
Je devrai donc faire mon choix entre les 3 autres candidats. Je suis pour une Europe fédérale comme Jean-Michel Baylet, mais les radicaux de gauche ne pèsent pas plus lourd que les radicaux de droite. Issus souvent des mêmes loges, ils sont plus un lobby d’appoint qu’une force structurée. Il me reste donc le choix entre deux candidats : François Hollande et Manuel Vals. J’apprécie le sérieux de François Hollande et son réalisme. Il est pour une grande réforme fiscale et la fusion de l’impôt sur le revenu et la CSG., ce qui ne me gêne pas, et me semble assez cohérent et clair. Il est pour le passage du nucléaire de 75% à 50% d’ici 2025, ce qui semble sage et responsable. Il est surtout pour donner une priorité absolue à la jeunesse, tout en limitant l’endettement. Je le réserve pour le 2ème tour, si Manuel Vals est éliminé du 1er tour, ce qui semble se profiler.
Je voterai donc pour Manuel Vals, qui est du centre gauche, c'est-à-dire humaniste, réaliste et courageux. C’est le seul à avoir le courage de prendre ses distances par rapport aux promesses non tenables, et donc mensongères du programme du PS. Il est pour déverrouiller les 35 heures et surtout pour la mise en place d’une TVA sociale, que je réclame depuis de nombreuses années. Il s’oppose également à la dépénalisation du cannabis et souhaite un large débat sur le nucléaire, qui soit tranché par voie de référendum. Je ne vois pas de point de blocage entre son projet et notre projet humaniste du Modem. Il pourrait participer activement à ce gouvernement d’union nationale qu’avec François Bayrou, j’appelle de tous mes vœux.
J’espère donc que cette primaire socialiste sera un moment fort de notre démocratie et que les français seront nombreux à venir voter, ce qui ne veut pas dire qu’ils voteront ensuite au 1er tour des présidentielles pour le candidat, qu’ils auront sélectionné parmi les 6 postulants de la gauche et du centre gauche parlementaire. Ils auront au moins contribué à influer sur le choix du candidat de gauche.
Jacques JEANTEUR
Mouvement Démocrate