Nelson MANDELA, une repère pour l'humanité
Rares sont les hommes qui marquent l’histoire de l’humanité, très au-delà de leur propre pays ou continent. Même s’ils ne peuvent pas être comparés, je ne peux m’empêcher de penser à Jésus de Nazareth en Palestine, dont les chrétiens fêtent la naissance à Noël, à Gandhi en Inde et à Nelson Mandela en Afrique du Sud. Les deux premiers sont morts sous les coups d’autres hommes. Jésus qui, pour les chrétiens, est le fils du Dieu vivant, est ressuscité le 3ème jour, qui est la fête chrétienne de Pâques. Le troisième, Mandela a pu achever son parcours dans le respect et la considération. Le point commun me semble être la non-violence et la capacité de pardonner. Faire triompher l’amour sur la haine, faire vivre ensemble des personnes qui se sont combattues, s’oublier soi-même au profit des autres, notamment des plus pauvres, c’est vraiment très rare et cela rayonne sur l’humanité entière.
Nelson Mandela a eu ce charisme total qui lui a permis de réconcilier l’inconciliable. Pouvoir surmonter la rancune, qui semblerait légitime après 27 ans de prison, pour pardonner et réconcilier, c’est une leçon fabuleuse pour tous les grands de ce monde, pour tous ceux qui n’ont pas d’autre objectif que de dominer, d’écraser et de profiter. Ils seront pratiquement tous présents aux obsèques de Nelson Mandela, mais ils n’auront pas pour autant le cœur pur comme lui. Le système d’apartheid a fait honte à l’humanité, comme tout racisme ou xénophobie. Il existe encore des apartheids honteux, comme ce mur qu’a construit Israël pour parquer les palestiniens, ou comme ces génocides racistes en Afrique. Il existe surtout encore des apartheids au fond de nous-mêmes et nous devons avoir le courage de les détruire. Nelson Mandela fût à la fois un porteur d’humanité et un libérateur pour son peuple. Sur ce point on peut le comparer à Abraham Lincoln, à l’origine de l’abolition de l’esclavage en 1863 aux Etats-Unis, à Simon Bolivar le libérateur de l’Amérique du Sud au début du XIXème siècle ou à Eamon de Valera, le libérateur de l’Irlande au début du XXème siècle.
L’hommage de Barack Obama résume bien le ressenti à travers le monde : « Nous avons perdu l’un des hommes les plus influents, les plus courageux, et l’un des êtres humains les plus profondément bons sur cette terre. Nous devons nous inspirer de sa sagesse, de sa détermination et de son engagement pour nous efforcer de rendre le monde meilleur ». L’éditorial du « Monde » titre : « L’irrésistible force de la non-violence ». Il faut savoir que Nelson Mandela a puisé cette force au cours de ses 27 années de prison. Il avait refusé toutes les offres de libération, dès lors qu’elles étaient assorties de conditions. Il répondait invariablement : « La liberté ne se marchande pas, seul un homme libre peut négocier ». Cette force irrésistible me fait aussi penser à Jean-Paul II et à son court message : « N’ayez pas peur ! ». Il a beaucoup contribué à la chute des totalitarismes communistes. Actuellement, cela fait penser à la birmane Aung San Suu Kyi, également prix de Nobel de la paix, qui n’a rien marchandé pour sa liberté et qui, peu à peu, a réussi à faire fléchir la junte birmane. L’éditorialiste du « Monde » écrit : « C’est la démonstration que la ténacité inflexible d’un homme peut conduire à la libération d’un peuple. Avec la non-violence et la réconciliation pour étendards. « L’amour et la vérité triompheront de la haine et du mensonge » disait le dissident Havel, qui allait, comme Mandela, devenir le président de son pays affranchi de l’oppression ».
Ce qui me marque le plus, c’est l’universalité de son message, et donc qu’il nous concerne tous. En recevant le prix Nobel de la paix en 1993, conjointement, avec le dernier président de l’apartheid, Frederik De Klerk, il a eu le courage de dire : « Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante ». Ce message d’amour et de pardon fut aussi celui de Jésus, il y a deux mille ans. Cela montre bien son universalité. La frontière binaire noir/blanc a disparu avec Mandela.
Beaucoup de frontières binaires subsistent dans le monde, en particulier chez nous, en France. J’aimerais vraiment que nos responsables UMP et PS comprennent le côté désastreux de leur affrontement binaire. J’aimerais vraiment que la mort de Mandela les fasse réfléchir et les amène à sublimer leurs querelles mesquines et leurs luttes de pouvoir. Faut-il deux avions de la république pour emmener séparément François Hollande et Nicolas Sarkozy à la cérémonie en l’hommage de Nelson Mandela ? L’éthique et la morale incarnées par Mandela doivent être un repère pour toute l’humanité, un espoir pour les plus pauvres et une exigence pour les plus forts.
Jacques JEANTEUR