Ni larmes, ni champagne
François Hollande est notre nouveau Président. Il faut qu’il soit le nouveau Président de tous les Français. Son discours simple à Tulle laisse présager que c’est en effet son souhait profond. Le contraste entre la foule provinciale avec les accordéons, et, en 2007, la foule parisienne de la Concorde après le passage prioritaire chez les amis fortunés du « Fouquet’s » était saisissant et réconfortant. Toutefois, si les premiers jours de Nicolas Sarkozy avaient été une succession d’erreurs et de provocations, son discours de la Mutualité a été remarquable et je lui rends hommage. Cela devrait contribuer à apaiser une opinion qui avait été attisée par des peurs et des menaces de chaos. L’élection relativement serrée de François Hollande et le bon comportement de Nicolas Sarkozy permettent donc d’éviter les larmes chez les uns et le champagne chez les autres. L’heure doit être maintenant au rassemblement et à l’unité nationale pour relever les défis qui nous attendent, dès la semaine prochaine.
Cette campagne aura été trop médiatisée et trop binaire. Depuis des mois, nous avons eu droit matin, midi et soir à Nicolas Sarkozy et à François Hollande. Les propositions des autres candidats ont été occultées ou terriblement raccourcies. Aucun débat n’a été organisé entre les 5 principaux candidats qui rassemblaient depuis des semaines 90 % des intentions de vote. Le débat du second tour a donc été plus violent malgré sa qualité, mais les français étaient saturés.
A mon niveau, j’ai eu le plaisir de pouvoir vivre un débat ouvert par mails interposés à la suite de ma libre opinion de lundi dernier, dans laquelle j’expliquais pourquoi je voterais Hollande ou m’abstiendrais. J’ai donc voté Hollande et ce fût un vote de raison, non d’adhésion, encore moins de passion. Je ne le regrette pas. François Bayrou a d’ailleurs expliqué son vote avec des arguments voisins des miens. Lors de ces nombreux échanges de cette semaine avec des amis d’horizons divers, j’ai pu apprécier la qualité d’écoute et de respect de l’autre. C’est pour moi la meilleure récompense. J’essaie au travers de mes libres opinions hebdomadaires d’exprimer et d’expliquer ce que je ressens. Ce n’est en aucun cas une démarche militante pour imposer un point de vue, mais bien un appel au dialogue, à la contradiction positive qui permet à chacun de se remettre en cause. Parmi les dizaines de mails échangés, certains soutenaient Hollande, d’autres Sarkozy et d’autres préféraient le vote blanc. J’ai reçu aussi, comme vous sans doute, de nombreux pamphlets, parfois de plusieurs expéditeurs qui ne se connaissaient pas. Ces pamphlets étaient des mensonges et ne respectaient pas l’opinion adverse. Mon seul regret a été de voir la religion mêlée au débat citoyen. Chacune est libre de sa foi et de ses convictions. On ne peut pas culpabiliser un choix en fonction d’une religion. Je n’ai jamais caché ma foi, mais elle ne peut en aucun cas être prise en otage politiquement. Chacun, qu’il soit chrétien, juif, musulman ou athée, a le droit d’avoir des convictions politiques personnelles. Le comportement binaire qui vise à mettre les croyants d’un côté et les non-croyants de l’autre, est inadmissible. Il faut rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. La laïcité, valeur forte de notre république, impose cette séparation entre le champ du politique et celui du spirituel. La liberté de conscience doit être absolue et protégée. Mon souhait le plus cher est que chacun défende ses convictions citoyennes dans le respect de celles des autres et, sans aucune collusion avec des appartenances religieuses, culturelles ou raciales. Je fais donc crédit à François Hollande de sa volonté authentique de rassembler les Français. A chacun de nous de participer de bonne foi à ce rassemblement citoyen pour traverser les étapes difficiles qui nous attendent.
Jacques JEANTEUR