Oser réduire les dépenses publiques

Publié le par modem08

CeintureLe député de l’Aisne, René Dosière, vient de publier son 3ème livre sur la gestion des finances publiques : « L’Etat au régime : gaspiller moins pour dépenser mieux ». Si tout le monde s’y met, contribuables, élus, Etat et collectivités locales, nous pouvons économiser de nombreux milliards qui permettront de réduire la dette et de relancer la croissance.

 

              Pour poser le problème, il convient de rappeler que la France, en 2012, emprunte 22 millions € et paie 6 millions € d’intérêts par heure. La dette atteignait fin 2011, 1 717 milliards €, soit 62 000€ par ménage ou 67 000 par personne ayant un emploi. Elle représente 86 % du PIB, contre 22 % en 1981. Cette dette colossale est à 78 % le fait de l’Etat, 12 % celui de la sécurité sociale et 10 % celui des collectivités locales. Comme le dit René Dosière : « Il faudra des décisions impopulaires, mais courageuses, pour réduire nos déficits abyssaux. Comment réclamer des efforts aux Français, si ceux qui dirigent le pays, non seulement n’en font aucun, mais affichent leur prospérité ». Le projet de budget 2013 prévoit une réduction des dépenses de l’Etat de 10 milliards, ce qui est déjà un effort, mais manifestement insuffisant. Cette réduction aurait dû se situer entre 15 et 20 milliards d’euros. Or, le sujet des efforts demandés aux collectivités territoriales et aux élus n’a pas franchement été abordé. « Le Point » titrait : « Le scandale caché. Révélations sur les milliards dilapidés par les régions, départements et mairies ». Dans son éditorial, Franz-olivier Giesbert écrit : « Soucieux de préserver son électorat, le chef de l’Etat ne s’attaque qu’avec précaution  aux dépenses publiques qui représentent 55,9 % du PIB en France, contre 45,6 % en Allemagne, 49 % au Royaume-Uni ou 51 % en Suède, mère-patrie de la social-démocratie. Pour ménager la gauche qui les tient, il ne cisaille pas davantage dans les collectivités locales ou régionales, qui, saisies par un prurit d’embauches, ont souvent perdu la raison ».

 

          Comme élu régional, j’ai vu les dérives croissantes. J’ai toujours réclamé publiquement une maîtrise des dépenses et une augmentation raisonnable de l’impôt pour financer les investissements. J’ai toujours demandé que l’on s’en tienne aux compétences propres et que l’on ne s’aventure pas dans des compétences croisées. L’électoralisme des élus, presque tous au service d’un autre mandat national ou local, a largement favorisé ces dérives. C’est pourquoi je milite depuis longtemps pour le non cumul des mandats. Nous gagnerions en efficacité, et nous ferions de grosses économies, en supprimant ces subventions purement électoralistes ou de copinage. Comme René Dosière, je suis favorable à la primauté donnée à l’intercommunalité et à la région. Il pense que la réforme de l’administration locale peut induire une économie de l’ordre de 15 milliards d’euros. Les intercommunalités seraient élues au suffrage universel. Cela réduirait considérablement le nombre d’élus et cela entraînerait aussi une baisse sensible du nombre de fonctionnaires territoriaux. Il faut savoir que « les indemnités au titre de l’intercommunalité dépassent celles des conseillers généraux et régionaux réunis (171 millions d’euros)…On constate une véritable course aux indemnités, que les chiffres officiels expriment avec clarté. Entre 2007 et 2009, alors que le nombre de communautés est demeuré stable, les indemnités ont augmenté de 27,8 %. ». J’ai toujours dénoncé l’inflation choquante et non productive des exécutifs. Je rappelle que la Ville de Charleville-Mézières a 16 adjoints et 2 conseillers municipaux délégués pour un conseil municipal de 45 élus. La communauté d’agglomération Cœur d’Ardenne, dont la présidente est le maire de Charleville-Mézières, a 13 vice-présidents dont 7 de la ville chef-lieu. Les indemnités se cumulent. Actuellement, « La somme totale des indemnités liées aux mandats électifs ne peut dépasser 8 272€ mensuels. Outre ces rémunérations élevées, les professionnels de la vie politique locale bénéficient en plus d’avantages en nature…or, dans ce domaine, l’opacité est complète ». Beaucoup d’élus locaux cumulards atteignent ce plafond.

 

          Au niveau des fonctionnaires territoriaux, « Le Point » rappelle qu’ils sont 1 739 800, dont 1 368 600 dans le bloc communal, 291 500 aux départements et 79 700 aux régions. Hors transferts de l’Etat, depuis 1998, ce sont 411 000 postes qui ont été créés.  En 2011, la dépense publique globale de la France était de 1 110 milliards d’euros dont 47,1 % pour la Sécurité sociale, 27,9 % pour l’Etat, 21,2 % pour les collectivités locales et 3,2 % pour les autres. Ces chiffres globaux cachent des disparités locales. Ainsi, la fondation privée IFRAP fait ressortir que, si les dépenses de fonctionnement des régions ont augmenté de 0,7 % entre 2010 et 2011, celles de l’Ile de France ont progressé de 2,3 %. Le Comité régional du Tourisme de l’Ile de France, financé à 98 % par la Région a augmenté son budget de 161 % entre 2004 et 2012. On sait maintenant ce que cela cachait nombres d’emplois fictifs ou de complaisance.

 

          Valery Giscard d’Estaing, dans sa chronique de la pensée multiple dans « le Point » écrit : « Le plus important et le plus difficile à réaliser est la réduction de la dépense publique. C’est la priorité dans le rétablissement de l’équilibre et, c’est là que le dérapage est le plus fort. Le milieu politique n’est pas favorable à sa correction, car cette dépense alimente les faveurs électorales ». J’ai pu observer au cours de mes mandats d’élu régional, combien les faveurs électorales comptaient plus dans le comportement des élus cumulards que le sens de l’intérêt général. C’est  pourquoi je suis un ardent défenseur du mandat unique. J’approuve totalement René Dosière, quand il écrit dans son avant-propos : « Jeune socialiste, Charles Péguy le disait déjà : « La révolution sociale sera morale ou elle ne sera pas ». Quel que soit le terme retenu, éthique ou vertu républicaine, la politique doit proposer un dépassement des égoïsmes catégoriels, qui ne peut être que la recherche de l’intérêt général, notre bien commun à tous ».

  

                                                                               Jacques JEANTEUR

Publié dans Politique générale

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M
Cet article me remémore le premier choc pétrolier de 1974 où, j’avais coutume de plaisanter en disant qu’il allait falloir réapprendre à repriser les chaussettes, sujet sur lequel je me suis déjà<br /> largement exprimé sur ce blog.<br /> <br /> Il me fait également souvenir de ma première note à mes chefs de service, lorsqu’en 1996 j’ai rallié une nouvelle collectivité locale de 12 000 habitants où, j’avais dès mon arrivé fait le tour des<br /> différents services et bien évidemment, compulsé les comptes financiers ; cette note de service s’intitulait « La chasse au gaspi ! ».<br /> <br /> 1974, 1996, nous sommes en 2012, rien n’a changé, ni dans les mentalités, ni dans les pratiques !
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