Peurs, mensonges et corruption mènent à l’abstention ou aux extrêmes
Sans analyser les résultats du 2ème tour des élections cantonales, on peut se pencher sur ceux du 1er tour. C’est au premier tour que l’on peut juger de l’état de santé d’une démocratie. Les électeurs s’expriment librement par leur vote ou leur abstention, alors qu’au 2ème tour on élimine ceux que l’on rejette le plus. Avec 44,4 % de votants, le 1er tour a surtout vu la victoire des abstentionnistes, comme le second d’ailleurs. Au scrutin précédent dans les mêmes cantons en 2004, mais en même temps que les régionales, il y avait eu 63,9 % de votants. C’est donc une perte d’environ 20 % des électeurs qui vient de se produire. Faisons un peu d’arithmétique toute simple au niveau des résultats du 1er tour :
- En 2004, il y avait 20 053 956 inscrits. En 2011, il y en avait 21 295 938 soit 6,1 % de plus.
- En 2004, 12 816 940 votants et 9 439 097 en 2011 soit 26,4 % de moins ;
- En 2004, 3 226 525 voix pour le PS et 2 284 967 en 2011, soit 29,2 % de moins (en suffrages exprimés : 26,25 % en 2004 et 24,94 % en 2011) ;
- En 2004, 2 574 331 voix pour l’UMP et 1 554 714 en 2011, soit 39,6 % de moins (en suffrages exprimés : 20,95 % en 2004 et 16,97 % en 2011) ;
- En 2004, 1 490 315 voix pour le FN et 1 379 902 en 2011, soit 7,4 % de moins (en suffrages exprimés : 12,13 % en 2004 et 15,06 % en 2011) ;
- En 2004, 1 325 040 pour l’extrême gauche et 827 687 en 2011, soit 37,5 % de moins (en suffrages exprimés : 10,78 % en 2004 et 9.34% en 2011).
L’analyse de ces chiffres montre clairement un affaiblissement de la démocratie. PS + UMP ont représenté au 1er tour 18 % des inscrits, l’extrême gauche 4,08 % et le FN 6,5 %, soit 10,58 % pour les extrêmes. Voila la lecture la plus importante de ce scrutin. Le 2ème tour n’a pas modifié les choses.
Le message des français, est qu’ils rejettent les deux grands partis du système bipolaire et s’abstiennent massivement ou votent faiblement pour les extrêmes. Le seul vrai raz de marée de ces dimanches est bien au niveau des abstentions.
Sarkozy alimente les peurs pour espérer récolter des voix, la gauche n’a encore aucune proposition alternative et attend de connaître son leader. Gauche comme droite baignent dans la corruption locale et nationale. La défaite d’Isabelle est sur ce terrain de la corruption dans les Hauts de Seine une excellente nouvelle. Les Français perçoivent cette corruption et ils ne font plus confiance ni à la majorité ni à l’opposition, même s’ils ont davantage sanctionné l’UMP. 82 % les ont boudés et près de 90 % ne veulent pas des extrêmes. Les valeurs de confiance, de civisme et de loyauté sont en train de faiblir dangereusement. L’UMP fait l’éloge de la cupidité, et le PS celui de l’assistance. Les abus des grands patrons, plus ou moins copains avec Sarkozy, comme la fraude aux prestations sociales, jamais dénoncée par la gauche, sont les signes clairs de la corruption de notre société à tous ses étages. Les mafias se développent sur les peurs entretenues, les corruptions plus ou moins visibles et les mensonges permanents au peuple.
Le printemps arabe est un rejet de ces maux, dont les peuples de ces pays souffrent depuis près de 40 ans. L’abstention est chez nous l’expression du même rejet, moins violent certes, mais tout aussi fort. En lisant Stéphane Hessel, on voit comment l’indignation n’est pas suffisante pour faire bouger les choses. Il faut maintenant, d’après lui, s’engager dans la résistance. Ce sera l’objet d’une prochaine libre opinion
La campagne présidentielle vient de démarrer. Elle s’annonce mal pour l’instant, puisqu’aucune personnalité n’a encore eu le courage de tenir un discours réellement nouveau, autour d’un véritable projet de société qui soit à l’encontre des comportements actuels. Le Modem a adopté fin 2009 son Projet Humaniste. C’est actuellement la seule proposition concrète et nouvelle pour sortir du bourbier actuel. J’attends avec impatience les autres propositions pour pouvoir comparer.
Jacques JEANTEUR
Mouvement Démocrate