Rien n’est joué, tout est possible.

Publié le par modem08

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Dans son éditorial du « Point », Franz Olivier Gisbert écrit : « Une des grandes constantes de la profession journalistique est de considérer que l’avenir est du présent qui se perpétue. C’est ce qui explique qu’elle se trompe si souvent…C’est ainsi que la bonne presse avait naguère annoncé, sur la foi des sondages, la victoire programmée de Balladur en 1995 ou de Jospin en 2002. Cette fois, elle risque le collapsus : la conjoncture économique aidant, nous ne sommes pas à l’abri de surprises et de retournements ; une nouvelle déflagration financière pourrait changer totalement la donne. Elle pourrait profiter à Nicolas Sarkozy, toujours à son meilleur dans les situations de crise, aussi bien qu’à François Hollande, incarnation vivante du consensus social, ou à François Bayrou, qui, à coups de prophéties vérifiées sur l’état économique du pays, s’est sculpté un personnage à mi chemin entre Barre et Churchill ». Tout le monde s’accorde sur le fait que 4 candidats peuvent accéder au second tour, soit par ordre alphabétique : Bayrou, Hollande, Le Pen, Sarkozy. Seuls 3 peuvent gagner le second tour : Bayrou, Hollande et Sarkozy. Parmi les 6 combinaisons possibles du 2ème tour, la plus improbable aujourd’hui, me semble pouvoir être probable dans la dernière ligne droite : un duel Bayrou-Le Pen.

 

Ce qui est caractéristique, pour l’instant, de cette campagne, c’est le niveau catastrophique du débat entre le PS et l’UMP. Il semble que leur seul but est de casser l’autre, de le disqualifier et de prendre le contre-pied systématique de ce qu’il dit. Le fait que l’UMP ait créé une « cellule riposte » pour éplucher tous les mots du camp Hollande, et y répondre dans la minute par des salves d’injures ou de propos ironiques, est une hérésie en démocratie responsable. Le PS n’a rien trouvé de mieux que de créer sa propre « cellule riposte ». La presse fait son beurre de ces petits mots ou petites phrases qu’elle diffuse en boucle. Au lieu de transmettre que les éléments d’information sur le vrai débat démocratique pour affronter la crise, elle donne la priorité aux petites phrases qu’elle a réussi à faire dire par des questions vicieuses. La vraie campagne électorale n’a pas commencé. Elle ne débutera que début mars. Le 1er tour a lieu le 26 avril, c'est-à-dire dans plus de 3 mois. Il est donc normal que le détail des programmes ne soit pas encore dévoilé. Nous sommes donc davantage dans un affrontement de forme que de fond. Les grandes lignes des uns et des autres sont tracées, mais leur déclinaison au niveau des grands chapitres, et leur estimation financière sont encore en cours d’élaboration. D’un côté, on voit un Président présent sur tous les fronts, en véritable chef des pompiers pyromanes. Certes il agit, mais dans un tel désordre et une telle excitation que cela développe plus la peur que la confiance. De son côté, François Hollande, et surtout le PS, semblent inconscients de la réalité de la situation. Ils font croire que l’on pourra sortir de la crise par une seule redistribution des richesses, sans demander un effort collectif. Nous payons dans ce débat les deux grandes erreurs des 30 dernières années : le raccourcissement trop important de la durée du travail (retraite à 60 ans, 5 semaines de congés payés, semaine de 35 heures) et l’injustice fiscale insupportable au travers du bouclier fiscal et de toutes les mesures favorables à la petite minorité des plus hauts revenus.

 

Seul François Bayrou ne fait pas d’effet d’annonce, et ne se prête pas aux petites phrases assassines sur les autres. Il avait dénoncé ces dérives et ces mensonges au cours de ses deux campagnes présidentielles précédentes. Il peut donc être serein et au dessus de la mêlée. La situation actuelle engage la responsabilité de la gauche comme de la droite. En réalité, « Gouverner, c’est prévoir ». En dehors de tout clivage partisan, il travaille avec de nombreuses personnes qualifiées sur un agenda 2012-2020, comme Gerhard Schröder l’avait fait en Allemagne en 2004 avec son agenda 2010, et son paquet de réformes structurelles. J’ai participé samedi au premier des 4 forums qui préparent cet agenda, qui sera la ligne de conduite de son projet présidentiel. Ces orientations, ces objectifs qui vont en sortir, feront l’objet de lois cadre dès le début du quinquennat. Ce n’est pas de l’extérieur, mais bien de l’intérieur que viennent nos faiblesses. Nous avons voulu suivre le modèle anglo-saxon de la dérégulation. D'un pays d’ingénieurs et de créateurs, nous avons voulu devenir un pays de financiers. Nous devons donc changer de modèle, et nous devons le faire ensemble, au travers d’une union nationale indispensable à notre redressement intérieur, et indispensable pour retrouver la confiance de ceux à qui nous sommes obligés d’emprunter. François Bayrou a rappelé son « obsession depuis des années de cohérence et l’abonnement à la persévérance. Ce furent des qualités de résistance. Ce peuvent être des qualités de présidence ! ». Au-delà des sondages qui montrent sa progression forte et constante, le plus important est l’image de sérieux et de confiance qu’il donne auprès des français. Rien n’est joué, tout est possible, y compris bien sur la présence de François Bayrou au second tour.

 

 

                                                                               Jacques JEANTEUR

                                                                                 MoDem Ardennes

Publié dans Politique générale

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