Sacrés Français

Publié le par modem08

Gaulois sans t10

Récemment le magazine « Courrier International » a consacré sa couverture à la presse étrangère qui commente le comportement des français qui disent oui à l’exception culturelle et non à la mondialisation. Consternés ou admiratifs, les journalistes étrangers constatent tous que les français ne font rien comme les autres.

Pour « La Republica » de Rome, La France d’Astérix a eu raison de se dresser contre l’Amérique de Disney : « Par exception culturelle, on souligne que le cinéma, la télévision, la musique, l’audiovisuel tout entier et jusqu’aux tournures d’esprit ne sont pas seulement des marchandises, mais aussi des identités… L’exception culturelle est peut-être la seule manière de défendre le droit d’auteur contre les pratiques sauvages de Google, Facebook, Youtube, Microsoft et Apple ».

Pour le « Wall Street Journal » de New York la critique est cinglante et impérialiste : « Ce pays en récession, avec un taux de chômage de 12 % et un président qui ne recueille que 29 % d’opinions favorables, est prêt à faire avorter un accord commercial de plusieurs milliers de milliards de dollars par amour pour ses auteurs. Et dire qu’on croyait le romantisme mort…Si la France veut conserver son exception culturelle, peut-être le reste de l’Europe devrait-il lui donner satisfaction en l’excluant des pourparlers ».

Pour le « Financial Times » de Londres, c’est une légitime exception : « Il n’en reste pas moins que la disparition de la culture française serait une perte pour le monde entier…La querelle illustre en fait un problème plus vaste : quel que soit le sujet, les arguments de la France sont systématiquement caricaturés. Le monde ne parlant pas le français, il entend rarement ce que disent les Français. De ce fait, c’est le discours anglo-saxon qui prévaut, selon lequel la France est toujours l’adversaire irrationnel du progrès…Les Français doivent apprendre à mieux plaider leur cause dans la langue de Shakespeare. Car, pour peu que l’on entende correctement leurs arguments à l’étranger, tout le monde se dira qu’après tout, ils ne sont peut-être pas si arriérés ».

Pour le « Süddeutsche Zeitung » de Munich, nous ne sommes plus une grande puissance économique, mais encore une grande nation culturelle : « La France se définit comme une grande nation culturelle, et l’on entend par culture non seulement les beaux-arts, mais aussi le savoir-vivre, un sens aigu de la beauté et un esprit à part. D’autres ont peut-être plus de bombes atomiques, se rêvent en maîtres des exportations mondiales ou en hérauts d’un siècle de paix. Les Français, eux, se consolent avec leur culture et ne veulent pas qu’elle puisse un jour être traitée comme n’importe quelle marchandise, comme une perceuse ou de la viande de porc. C’est compréhensible et ça n’a absolument rien de présomptueux ».

Au-delà de l’exception culturelle française, on retrouve dans la presse étrangère de nombreux articles sur la peur de la France à se réformer et sur le pessimisme record de notre peuple.

Pour le « Dagens Nyheter » de Stockolm, notre comportement vient essentiellement du fait que nous donnons la primauté à la politique sur l’économie. Avec un système de protection sociale parmi les plus forts d’Europe, nous avons peur de la concurrence et nous refusons les règles de la mondialisation « nettement plus empreinte de valeurs néolibérales anglo-saxonnes que de valeurs françaises…Non seulement la France n’est pas en phase avec son époque, mais c’est aussi un pays - d’importance plutôt modeste - qui refuse de tirer les conséquences de ce qui se passe autour de lui. Cette désinvolture ne date pas d’hier. Pendant des années, la France a éludé les réformes qui auraient pu renforcer sa compétitivité et asseoir sa position dans le monde ».

Enfin, pour « The Sunday Telegraph » de Londres, la France est minée par les passe-droits et les avantages sociaux de la caste privilégiée des fonctionnaires. « Alors que l’opinion publique britannique voit l’Union européenne comme une source de réglementations farfelues qui nuisent au libre-échange, nombre de français considèrent au contraire la Commission européenne comme le cheval de Troie de l’ultralibéralisme, qui n’aurait d’autre mission que de mettre un terme à ces innombrables passe-droits et autres avantages sociaux qui rendent la vie de quelques privilégiés si confortable. La concurrence est souvent un gros mot en France - et une insanité quand elle menace les avantages acquis - ces bénéfices en espèces sonnantes et trébuchantes qu’un groupe de fonctionnaires a réussi à graver dans le marbre des conventions collectives…Il n’est pas facile de renoncer à ses privilèges, ce qui explique pourquoi le secteur public s’entête à faire grève aussi souvent. Paradoxalement, en dehors des 25 % de la population active qui appartiennent à la fonction publique, les syndicats n’ont guère d’adhérents, et seulement 7 % de la population active est syndiquée…Cette étrange parodie de lutte des classes devrait encore continuer un moment, en défendant les privilèges au lieu de les combattre, avec en-tête les syndicats qui ne représentent guère plus que leurs apparatchiks ».

S’il est bon et justifié de se battre pour l’exception culturelle française, il ne faut pas, en revanche vouloir défendre une exception sociale française, qui consisterait à défendre les privilégiés qui ont un travail par rapport à ceux qui aimeraient en avoir un. La culture n’est pas un repli sur soi, car elle offre une diversité au monde. En revanche, la défense des avantages acquis est un refus de la concurrence mondiale incontournable. Ce n’est pas au monde de changer, mais bien à nous de nous adapter et de le faire sans crainte ni peur. Nous avons de nombreux atouts qui peuvent s’exprimer, dès lors que les protections abusives des uns sauteront et permettront aux autres de développer leurs talents.

Jacques JEANTEUR

 

Publié dans Société

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