Vœux pour 2011

L’année 2010 ne restera pas comme une année faste dans la mémoire collective. La nature a montré combien elle s’imposait aux hommes. Le tremblement de terre en Haïti, les inondations au Pakistan, le volcan islandais, les intempéries de décembre, sur chaque continent il a fallu vivre des drames et mesurer combien la culture du risque est encore insuffisante, même si de gros progrès ont été faits. Espérons qu’en 2011, chacun comprendra combien la nature mérite d’être sauvegardée, parce qu’elle est notre mère nourricière. Avoir des contre temps en raison de la nature, fait partie des contraintes permanentes de notre humanité. Il faut donc l’accepter positivement, c'est-à-dire en prenant les mesures nécessaires pour limiter le risque, et, surtout, en ayant une culture de la solidarité entre ceux qui subissent et ceux qui sont protégés. Comme le dit Bruno Frappat dans sa chronique sur le bilan 2010 : « La terre nous inquiète, peut-être au-delà de toute mesure et de la simple raison, mais nous sommes ainsi, désormais : nous lui prenons le pouls comme à une grande malade, vieille, abîmée. Et chaque montée de fièvre suscite nos alarmes. Il y a dans l’air des flocons de neige et de culpabilité. Celle-ci se dépose en tapis sur nos consciences. »

2010 aura été aussi une année noire sur le plan de l’Europe avec les crises financières de l’Islande, de la Grèce et de l’Irlande et avec les plans d’austérité dans tous les pays. Cela a amené certains à douter de l’euro. C’est parce que 2010 aura été une année de déficit de volonté politique. Au sommet européen de Bruxelles en décembre, les chefs d’Etat et de gouvernement sont tombés d’accord pour créer un fonds de secours permanent qui puisse être activé, s’il était indispensable de sauvegarder la stabilité de l’euro dans son ensemble. Mais, en réalité, ce fonds ne sera créé que début 2013, alors qu’il serait utile dès 2011. Comme le dit Adrien de Tricornot dans « Le Monde » : « Cela sera-t-il suffisant pour régler les problèmes de la zone euro ? Ses membres ne semblent se décider qu’au bord du gouffre, quand la pérennité de la monnaie unique est en question. Loin d’être gouvernée, l’interdépendance n’est reconnue que dans l’urgence. »Espérons qu’en 2011, les dirigeants européens retrouveront la foi des pères fondateurs, dont celle de Jean Monnet qui disait : « Nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes ».Au-delà des échéances électorales internes à chacun des 27 pays membres, il faudrait que se lèvent dans chaque pays des responsables politiques qui fassent de l’Europe leur priorité.

2010 aura été aussi en Côte d’Ivoire l’année de l’espoir d’une démocratie retrouvée puis celle de la démocratie refusée. On ne peut pas laisser une guerre civile se développer sous les yeux de la communauté internationale, sans intervenir. Espérons que 2011 sera l’année de la paix civile sauvegardée et de la démocratie renforcée dans le respect des droits de chacun.

2010 aura été une année noire pour les Chrétiens d’Orient exposés aux violences fanatiques, notamment en Irak et en Egypte. Mais cela aura été aussi l’année du merveilleux film de Xavier Beauvois : « Des hommes et des Dieux ». Dans un monde où la violence alimente la menace de mort, il montre que les hommes de bonne volonté, résistants et engagés face à la violence fanatique, sont des artisans de paix et de communion fraternelle. Les huit français retenus en otage sont ainsi la preuve douloureuse que l’homme peut n’être rien pour l’homme, si ce n’est une marchandise négociable. Les otages ne connaissent ni la durée ni l’issue de leur détention. Ils sont confrontés en permanence à l’arbitraire et à l’incertitude. Espérons qu’en 2011, le respect de chacun dans sa différence prendra le dessus et que les responsables politiques comprendront que la liberté de culte et de conscience appartient, comme le dit Benoît XVI, « au noyau essentiel des droits de l’homme. »

Bonne nouvelle aussi pour 2011. L’Union européenne a décidé de faire de cette année « L’année du bénévolat et du volontariat ».Le Petit Robert définit ainsi le bénévolat : « Situation d’une personne qui accomplit un travail gratuitement et sans y être obligée ».Alors que depuis quelques années, on assiste à un repli sur soi des personnes, comme des peuples, ce signal est important et porteur d’espérance. On entend trop souvent dire : « Il faut que je pense à moi ». On observe aussi de nombreux peuples ou catégories de citoyens qui pensent que leurs malheurs viennent de la mondialisation, et non de leurs propres insuffisances et faiblesses. Jacques Attali, dans son livre « Phares », recueil de 24 biographies d’hommes qui ont marqué leur époque, nous dit que «Les idées peuvent transformer le monde, à condition qu’elles soient sincères, libres, pensées en dehors de tous les schémas intellectuels du moment… Depuis trois millénaires, il y a une aspiration très profonde de l’humanité à la liberté de l’individu, tandis qu’une autre tend à l’empathie, à l’altruisme. Ces grandes lois peuvent être accélérées, modifiées, détournées, ralenties, par des volontés individuelles. Aujourd’hui, on est à l’aube de savoir si le monde va tourner au chaos ou s’il s’oriente vers un gouvernement mondial »Inutile de préciser que je souhaite que 2011 soit une année de gouvernance européenne et mondiale, une année de l’empathie et de l’altruisme, symboles du bénévolat et du volontariat.

Pour conclure, je reprendrai un passage d’une libre pensée de Jean Kaspar, ancien secrétaire général de la CFDT, publiée il y a juste 2 ans dans « La Croix » : « La réponse à l’ampleur de la crise ne peut être seulement technique, elle doit être politique, éthique et morale. C’est à une reconstruction du sens qu’il nous faut s’atteler, à la définition de nouvelles règles du vivre-ensemble, à une refondation non pas du capitalisme mais de la pensée politique, économique et sociale. Il nous faut jeter les bases d’une nouvelle utopie créatrice qui donne sens à la vie économique, sociale, culturelle et politique. »

Bonne année 2011 à tous et à toutes !

Jacques JEANTEUR

Mouvement Démocrate