L'espoir du Centre uni

Publié le par modem08

Alliés, les centristes se situeraient dans une fourchette de 10 à 13% des voix aux prochaines échéances électorales.

 

 

Alors que le Front National progresse sensiblement et devient un acteur incontournable dans le paysage politique, la gauche et la droite se montrent incapables de gérer le pays et de le redresser. La gauche est divisée et a refusé toute ouverture vers le centre. La droite est aussi divisée, et se tourne de plus en plus vers l’extrême droite dans une chasse désespérée aux voix. Le seul espoir reste au centre, mais il est lui-même divisé. Il faut donc le rassembler, sans pour autant gommer les différences de ses composantes. C’est ce qui est en train de se passer avec le rapprochement du Modem de François Bayrou et de l’UDI de Jean-Louis Borloo. Ceci a été affirmé très clairement à l’université de rentrée du Modem et a été également soutenu par Hervé Morin, président du Nouveau Centre.

Les motifs de ce rapprochement ont été clairement expliqués par François Bayrou dans son interview à « La Croix »  du 19 août, et repris depuis dans ses nombreuses interventions médiatiques. J’adhère pleinement à cette démarche, car elle me semble être la seule possible pour sortir de cette crise politique et morale que nous connaissons depuis plusieurs années. Il nous dit : « La France est paralysée par des lourdeurs et des blocages qui viennent de loin et se sont renforcés au long des dix dernières années. Mais, ils n’ont été en rien corrigés ces derniers mois, et même parfois pas identifiés…L’esprit partisan, l’idée que chacun est dans son camp et que les camps sont en guerre entre eux, bloque tout et empêche les réformistes d’agir ensemble…Le PS et l’UMP, sous leur forme actuelle, sont deux appareils très puissants, je connais leur force et leurs réseaux. Mais, cela crève les yeux, ils n’ont plus à eux seuls les clés pour sortir de notre crise nationale. Ils ont exercé le monopole du pouvoir, l’un après l’autre, et l’on n’a pas l’impression qu’ils aient fait le travail nécessaire. Pour cette offre nouvelle, le centre a une responsabilité particulière. Il est le seul point de départ possible, en dehors des extrêmes, pour la rénovation de la vie politique nationale. Il faut donc que s’impose, progressivement et avec souplesse, une démarche de rassemblement ».

Ce rassemblement s’impose d’autant plus que de chaque côté la déception s’enracine. A droite le combat des chefs et la course à la droitisation rend orphelins les centristes libéraux, sociaux et européens. François Fillon aurait pu incarner cet espoir d’humanisme, mais en choisissant la surenchère à droite, il a rejeté les modérés de son entourage. A gauche, ceux qui ont cru que François Hollande serait le social-démocrate qui ferait les réformes tant attendues, sont déçus par les promesses non tenues. J’en fais partie, comme François Bayrou qui vient de dire : «  Il y a des millions de Français - pour beaucoup nous en étions - qui attendaient que François Hollande, désormais à la tête de tous les pouvoirs dans le pays, non seulement rompe avec la pente sur laquelle Nicolas Sarkozy s’était laissé entraîner, mais qu’il s’engage enfin dans l’effort nécessaire et urgent pour la reconstruction du pays. C’est précisément sur ce point que la déception du pays, aujourd’hui, se fait entendre toujours plus grave ». Il faut donc construire cette « maison commune » où se retrouveront les amis de Jean-Louis Borloo et ceux de François Bayrou, dans le respect des sensibilités de chaque mouvement.

Il est un sujet sur lequel il y a convergence totale, c’est celui de l’Europe, dont les pères fondateurs étaient centristes. Côté PS et côté UMP, les européens de conviction sont assez rares. Il faut donc que les européens de conviction, qui se trouvent au centre, se regroupent et repartent ensemble au combat pour plus d’Europe sur le plan démocratique, social et financier. Ce regroupement des centres ne doit pas entraîner de soumission automatique et préétablie, comme cela fût le cas sous le quinquennat Sarkozy. On a vu que cela aboutissait à la marginalisation des élus centristes, comme Jean-Louis Borloo et Hervé Morin.

Il faudra par définition qu’il y ait un candidat centriste aux élections présidentielles de 2017. Il ne doit pas y avoir de candidat auto-désigné, mais il ne peut y avoir absence de cette famille politique, comme cela fût le cas en 1995, quand l’UDF a soutenu le RPR Edouard Balladur. Il faudra instaurer une élection primaire interne au centre, comme au PS et sans doute à l’UMP. Alors, le centre sera redevenu une véritable force politique indépendante, qui pourra ensuite faire alliance avec un autre parti de gouvernement, dans le respect de chacun et avec comme cause commune le rejet du Front National. Sur ce point les centristes n’ont jamais dévié depuis plus de 25 ans et ils ne pourront faire aucune concession.

Jacques JEANTEUR

 

Publié dans Politique générale

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