Les vraies gens.
Lundi 27 octobre 2008
La chronique de Jacques Attali dans « L’Express » est titrée : « Les vraies gens ». L’auteur de « 300 décisions pour changer la France » pose, à mon avis, la vraie question sur la crise actuelle. Il écrit : « Seuls risquent de perdre les plus pauvres, consommateurs endettés sous la pression des banques et les plus riches qui auront davantage de mal, désormais, à faire croire qu’il est légitime que les revenus financiers augmentent de plus de 20 % par an quand ceux du travail progressent de moins de 2 %... Comme le montre l’excellent plan annoncé dimanche soir, on trouvera toujours aisément de l’argent par l’impôt, c'est-à-dire par le revenu des vraies gens, pour financer les pertes des institutions. Mais pour les autres sujets sérieux (comme la faim, la pauvreté, le climat, la déforestation), rien. Et pourtant, cette semaine, un rapport de la commission européenne rappelle que l’économie du monde perd chaque année plus de richesses par la déforestation, soit entre 2 000 et 5 000 milliards de dollars, que par la crise financière. Et, alors que l’on vient de trouver en un mois au moins 4 000 milliards de dollars dans le monde pour les banques, il n’a jamais été possible d’en dégager seulement 20 pour lutter efficacement contre la faim dans le monde, sauver la forêt brésilienne ou généraliser le microcrédit aux 600 millions de familles qui en ont besoin. Bien sûr, il faut régler ces désordres financiers… Il faut en outre inscrire cette action dans le cadre d’un véritable projet de société, au service des vraies gens. L’argent mobilisé doit aller non pas aux actionnaires des banques, mais à leurs clients, spoliés et surendettés par le jeu insensé du crédit à la consommation, ainsi qu’à de grands travaux mondiaux capables de régler les problèmes des générations futures et à la mise en place d’un véritable Etat de droit planétaire ».
Au moment où sœur Emmanuelle vient de nous quitter pour retrouver Dieu, comment ne pas comparer l’argent dilapidé par les plus riches avec celui qui suffirait à sauver de la pauvreté le milliard de démunis ! Comment ne pas oser réfléchir aux moyens de vivre avec un peu moins, afin que les plus pauvres aient beaucoup plus et soient capables de participer à la croissance mondiale. A force de gaspiller à crédit, nous laissons des dettes énormes aux générations qui suivent. Les Etats-Unis de Bush ont vécu à crédit au dessus de leurs moyens. Ils ont protégé leurs agriculteurs au détriment des paysans du tiers-monde. Les financiers ont fait tourner la machine des gains virtuels pour s’enrichir personnellement en ruinant ceux qui ont travaillé dur pour gagner de quoi vivre honnêtement, c'est-à-dire les vraies gens. Les sommets mondiaux qui vont se tenir doivent aboutir à un nouvel ordre économique et financier mondial. Cet ordre doit remettre les vraies gens au cœur de leurs préoccupations. Il doit fixer des limites, c'est-à-dire des repères.
Jacques JEANTEUR
Conseiller régional MoDem